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Baya Streiff | Le Murmure fracassant, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Baya Streiff

 

Tout commence par une fin de nuit en ombres chinoises, avec ses nuages blancs,  pareils à des lanternes en suspension.  Est-ce le parfum capiteux des Sarcococcas qui attrape la narine ou cette joie simple d’entendre le son de cette clarinette qui s’échappe du métro  et qui me pousse à faire résonner mes pas sur les pavés disjoints ? La ville pavoise. L’air distille une odeur entêtante de brioche chaude. Partout, sur l’asphalte, un festival de silhouettes colorées, évoquant un kaléidoscope géant. Au-dessus, des centaines d’oiseaux pépient leur cantate matinale et joyeuse. Aux terrasses, déjà, des hommes gouailleurs fanfaronnent devant leurs belles. Sur la table, oubliés les cocktails tièdes… En face sur le boulevard, des anxieux courent en tous sens, comme des poules sans tête. Croiser un fleuriste, devant lequel  de vieux routiers du bouquet avec leurs mains de marionnettistes, patientent, perdus dans la concurrence de leurs souvenirs. Dehors le ciel, comme une coupole. D’où me vient ce besoin de baguenauder sous la lumière voluptueuse du printemps, avant de m’asseoir, enfin, le cœur flageolant,  pour savourer le premier café du matin au bar « Le Murmure fracassant ».

 


Interview de l’auteure

Que peut faire la littérature ?
Baya Streiff : La littérature m’a toujours accompagnée. Elle donne de l’élégance à la vie, en plus d’être une amie fidèle. Écrire c’est un peu comme revenir sur ses pas pour renverser le temps…  La littérature me fait penser à une faille temporelle qui rend toutes les histoires possibles.

Quelle importance les cafés ont-ils pour toi ?
BS : Les cafés symbolisent les heures heureuses, et souvent celles de l’attente. Parfois, cette attente peut devenir torturante, et se transformer en une  impatience qui m’agite et qui me plait. C’est vertigineux de voir comment une absence peut prendre de place. Dans ces moments-là, mes pensées refusent de m’obéir dans leur résultat !

Où te sens-tu chez toi  ?
BS : Ici dans ce café où toute l’agitation de la ville semble s’être donné rendez-vous. Tous les murmures du monde sont réunis ici. Il agit sur moi telle une porte des possibles. On peut lire des livres ou apporter son vinyle sur la  platine pour ambiancer le café. Il m’est arrivé d’y laisser des livres  ou d’en trouver abandonnés sur la banquette. Son univers onirique me plaît avec ses portes monumentales du paradis, de l’enfer et  des abysses. Tout ici incite à la rêverie et excite l’imaginaire.

 

BIO

Baya Streiff travaille à Paris à la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Sa passion pour les voyages, la photographie et la littérature nourrissent son imaginaire et sa vision romanesque de la vie.
Son premier roman « Les hasards exagérés » édité aux Éditions 7e Ciel,  trace l’histoire  de Mona   où s’esquissent les secrets et les remords, nous menant de çà, de là, sur l’échiquier de la vie, pour cheminer sur les cases blanches et noires du passage à la maturité. Ce roman pose  la question  de savoir comment appréhender les désillusions de l’âge adulte.
Son livre a été remarqué par le réalisateur Philippe Faucon qui va l’adapter à l’écran.