Juliette Mouquet | Boulangerie Bio Cézamie, Colmar
Photo : Alain Barbero | Texte : Juliette Mouquet
Cézamie
C’est un lieu qui parle de gourmandise et d’amitié.
Il y a cette quête du végétal. Toujours en filigrane. Une rivière chante à l’ombre des arbres. Derrière la baie vitrée.
Le pain chaud laisse des petites graines ensoleillées sur la table.
Le verre claque dans une affection immédiate. Les paroles ont soif de se rencontrer.
Et si on se mettait à l’abri de ce qui crame ? Surchauffe des commentaires derrière l’écran, dans les pots noirs de nos échappées qui nous rattrapent, dans l’insistance de l’empressement.
Et si le loup n’était pas dans le bois mais dans la plaie béante de sa friche.
On dessine avec nos rires des marelles invisibles. On saute à cloche-pied d’un jour à l’autre. On a l’idée du ciel. Alors on lance des cailloux de créativité pour l’atteindre. Une photo, une aquarelle, un poème. La montgolfière est hantée. Il nous faudra toujours recommencer. Sinon se satisfaire. Mais on trahirait la joie pure. Ephémère. D’être artiste.
Interview de l’auteure
Que peut faire la littérature ?
Juliette Mouquet : La littérature peut décupler la vie et nous permettre d’accéder à une des lois fondamentales de l’univers : l’expansion.
Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
JM : Ce sont des escales pour l’écrivaine voyageuse que je suis.
J’aime m’immerger dans leurs mélodies mêlant paroles, tintements des verres, vapeur du percolateur et notes d’une chanson. Cela m’inspire pour écrire.
J’aime y observer mes semblables entre deux mondes, celui du social et de l’intime.
J’aime y boire du vin et applaudir des musiciens.
J’aime ne plus y aller pour me réjouir d’y retourner.
Où te sens-tu chez toi ?
JM : Dans la nature.
C’est en elle que tout a commencé il y a 2,5 milliards d’années quand des bactéries se sont mises à capter la lumière du soleil pour larguer de l’oxygène dans l’atmosphère, formidable photosynthèse. Nous ne pourrions pas exister sans elle. J’ai une profonde conscience de nos origines et de l’interdépendance des êtres vivants. J’ai besoin de me relier à d’autres vies et d’autres énergies que celles des êtres humains. J’aime poser mon front contre le tronc des arbres pour ressentir le pouls imperceptible de leurs sèves. Lorsque je relève la tête, j’éprouve une légère ivresse et un profond sentiment d’humilité. Je crois que c’est ce qu’on appelle « la communion ».
BIO
Juliette Mouquet est ingénieure en santé environnementale et poétesse, écrivaine voyageuse, chanteuse. Elle a créé, en 2014, La Poésie vagabonde, un périple littéraire et humaniste mêlant animation d’ateliers d’écriture et de lectures musicales à travers le monde. Elle a publié huit livres et un album de chansons pop-folk.
L’audace du sable, son huitième livre et son premier roman est sélectionné pour plusieurs prix littéraires : le prix du Lys 2024, le prix André Malraux 2024 et le prix Lions 2024-2025.
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