Beata Umubyeyi Mairesse | La Diplomate, Bordeaux

Photo : Alain Barbero | Texte : Beata Umubyeyi Mairesse

 

Il y a des lieux dont le seul nom évoque immédiatement le souvenir d’un moment précis dans la vie,  et le salon de thé La Diplomate en fait partie. Pourtant je n’y suis allée que de façon sporadique. La première fois, celle qui m’a le plus marquée, c’était en 2014.  J’avais donné rendez-vous à deux amies pour leur soumettre un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps : lancer à Bordeaux un cercle de lectures afro-caribéennes. C’était la fin de l’été et l’atmosphère durasienne, feutrée et fraîche (en raison des murs en pierre de la bâtisse, dans la vieille ville), était toute trouvée pour une conversation littéraire enflammée. Elles partageaient ma passion et nos différentes origines offraient un horizon de lectures infini. Comme j’étais très enceinte, nous prîmes date pour lancer les rencontres de ce nouveau book-club à l’automne. Mon fils naquit le lendemain, le cercle vit le jour en novembre. 
Je suis revenue à La Diplomate pour acheter des thés et tisanes, sans plus avoir le temps de m’y poser, me promettant de le faire quand les enfants seraient grands. Je repartais avec des sachets parfumés portant le nom de villes du monde auxquelles les propriétaires des lieux avaient ajouté une description toute poétique. Voici les deux que j’affectionne le plus :

Kigali (Rooïbos vert, verveine, écorces d’orange, framboises entières, groseilles, fleurs de souci, passiflore, morceaux de pomme) : « Le pays aux mille collines, la paix enfin retrouvée, hommage à la tendresse de l’âme, où la féminité est mère et lumière »                                                                                                               

Zanzibar (Thé vert Sencha, tranches de fraises, framboises entières, pétales et boutons de rose): « L’Afrique, l’Asie, les felouques attendent le départ vers Ceylan, les voiles se gonflent »

 


Interview de l’auteure

Que peut faire la littérature ? 
Beata Umubyeyi Mairesse : À l’époque où je commençais l’écriture de mon premier livre, j’ai lu cette belle réponse, que je fais mienne, dans une texte de Zadie Smith sur David Foster Wallace : « la bonne littérature est faite pour réconforter les gens dérangés et déranger les gens confortables ».

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
BUM : C’est une promesse encore à tenir. Un livre, un thé, du temps retrouvé.

Où te sens-tu chez toi ?
BUM : Là où personne ne me demande d’où je viens (vraiment).

 

BIO

Beata Umubyeyi Mairesse est née et a grandi au Rwanda. 
Elle a coordonné pendant 15 ans des projets de prévention en santé en France et à l’étranger. 
Elle publie depuis 10 ans des nouvelles, de la poésie et des romans multi-primés. Ses derniers ouvrages publiés sont un album jeunesse, Peau d’épice (Éd. Gallimard jeunesse, 2023), un recueil de poésie, Culbuter le malheur (Éd. Mémoire d’encrier, 2004) et un récit, Le Convoi (Éd. Flammarion, 2024). Ce dernier a reçu de nombreux prix littéraires dont le Prix de l’essai France Télévision et le Prix franco-allemand Franz Hessel.