Isabelle Germain | La Coupole, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Isabelle Germain

 

Au milieu d’une journée de travail, une pause à la Coupole. Une pause pour prendre ou ne pas prendre la pose ? Regarder au loin, regarder l’objectif, sourire, prendre un air grave, paraître détendue, suivre ou ne pas suivre les très discrets conseils d’Alain ?
Je ne peux séparer mon image de l’image de mon engagement de journaliste et autrice : inscrire dans le paysage médiatique un regard féministe sur l’actualité (dans LesNouvellesNews.fr). Changer le regard que les médias portent sur les féministes. Or les féministes ont mauvaise presse. « Je ne suis pas féministe mais… » disent encore de trop nombreuses personnes – en démontrant le contraire dans la phrase qui suit. Les médias français ont rendu le féminisme honteux. Pendant très longtemps ils n’ont donné à voir des féministes qu’avec parcimonie et en les présentant comme hystériques. Je me souviens d’une longue interview vidéo pour une chaîne nationale au début des années 2000 suite à une enquête et un livre sur la faible visibilité des femmes dans les médias. Le journaliste tentait de me faire sortir de mes gonds. En vain. Je répondais calmement avec des chiffres, des faits… À tel point qu’il a fini par me dire « mais énervez-vous ! ». Son reportage a retenu une très courte séquence de cet entretien. Je n’ai jamais été considérée comme une « bonne cliente » par ces médias qui ne sollicitent les féministes que pour faire un spectacle dans lequel elles servent de punching-ball. Mise en abyme de l’invisibilisation du féminisme et de celles qui le portent. Sourire, être en colère, prendre un air détaché, réfléchir ? Comment dire, en une photo, que le féminisme est un combat politique ?

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Isabelle Germain : Offrir un autre regard, changer de point de vue, soulever de nouvelles questions, étriller de fausses évidences. Toujours faire un pas de côté après avoir écrit. Et recommencer… Ou pas.

Quelle importance ont les cafés pour toi ?
IG : Ce sont avant tout des lieux de rencontre. Rendez-vous professionnels ou amicaux, ils symbolisent l’ouverture aux autres, les promesses de moments agréables ou de beaux projets. J’aime les cafés parisiens chargés d’histoire. J’aime voir les touristes s’émerveiller. Ils me rappellent la chance que j’ai de vivre à Paris.

Où te sens-tu chez toi ?
IG : Partout où je peux m’installer avec mon précieux petit ordinateur. Un train, un hôtel, un bout de canapé, sous un arbre, à l’ombre d’un parasol. Je me sens chez moi dans cette machine qui contient ma vie professionnelle et une partie de ma vie privée et qui me relie au village global.

 

BIO

Isabelle Germain est journaliste et autrice. Après plus de 25 ans de carrière dans la presse économique et d’information politique et générale, elle a créé le site d’information LesNouvellesNews.fr, le regard féministe sur l’actualité. Elle a été présidente de l’Association des Femmes Journalistes (2001-2006) et membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (2013-2016).
Elle a écrit : Si elles avaient le pouvoir… , Larousse coll. à dire vrai (2009), 18 ans Respect les filles ! avec Isabelle Fougère et Natacha Henry, la documentation française (2009), Le Dictionnaire iconoclaste du féminin, avec Annie Batlle et Jeanne Tardieu, Bourin Editeur (février 2010), Journalisme de combat pour l’égalité des sexes. La plume dans la plaie du sexisme, LNN édition (2021).