Juliane Sophie Kayser | Café Rossi, Heidelberg
Photo : Alain Barbero | Texte : Juliane Sophie Kayser | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet
Nostalgie des pays lointains
J’écris ton nom en l’air
En lettres cyrilliques, bien sûr.
Puis je plie
la carte du monde
en un origami
et
je laisse les trois pays
qui nous séparent
disparaître d’un simple pliage.
Ainsi je couds
ta frontière
à la mienne.
Puis je te subtilise
quelques Carpates
et les dépose
au milieu
devant la Porte de Brandebourg.
Pour me consoler de
tout ce qui n’est pas possible.
Interview de l’auteure
Que représente la littérature pour toi ?
Juliane Sophie Kayser : Écrire est pour moi en quelque sorte comme voler. La gravité n’a plus autant d’impact sur moi. Tout ce qui est extérieur, étranger à moi se détache de moi et seul ce qui reste en moi prend les commandes. Lire : avoir le droit d’oublier le monde pour un moment.
Que représentent les cafés pour toi ?
JSK : Ensemble, on est moins seul, en fait on est seul différemment. Dans une ambiance sonore et visuelle stimulante, je peux entendre mes pensées grandir.
Et j’aime observer implacablement les gens. Les vibrations entre eux comme les blocages, comme par exemples le staccato de leurs échanges : tout est matière.
Pourquoi as-tu choisi le café Rossi ?
JSK : J’aime l’ambiance grande ville que dégage le café Rossi.
Et je l’ai aussi choisi parce qu’il y a beaucoup d’espace. J’ai toujours besoin d’espace. Espace dans la pièce. Espace dans la tête. Quand je pense à mes cafés préférés à Vienne, Varsovie, Berlin, Venise, le café Rossi est le lieu de nostalgie des pays lointains.
BIO
Rêveur en plein jour germano-américain, noctambule, poète, artiste-ambassadeur chez IJM*, écrivain, découvreur d’univers de mots, conjoint, mère de trois enfants et quatre livres. (Si Else Lasker-Schüler peut se définir comme le Prince de Thèbes, alors je peux aussi me désigner comme écrivain, quand mon côté masculin prend les commandes).
www.julianekayser.de * www.ijm-deutschland.de