Barbara Rieger | Café Weidinger, Vienne
Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet
Chaque table est une île dans un océan du temps, au-dessus duquel plane un léger brouillard. Le souvenir s’estompe. Des hommes qui restent pour partir. Un étudiant qui préfère manger à la maison pour faire des économies. Un couple qui lit le journal. De vieux hippies qui roulent des cigarettes. Des ouvriers qui passent boire une bière. Des chômeurs diplômés qui débattent de textes scientifiques. Une femme qui part après deux Spritzers et un homme qui s’en va alors pour tout perdre en paris. Des clients qui ne sont pas servis assez vite et qui s’éprennent ailleurs. Des regards auxquels personne ne répond. Il n’y a pas de wifi ici, il n’y a que du vin. Il n’y a pas de vie, il y a une table de billard. Il n’y a pas d’interdiction de fumer, il n’y a qu’une grosse horloge. C’est le temps, qui jamais ne s’arrête, mais qui s’alanguit parfois.
“Qu’est-ce qui nous relie à ce lieu?”, demande A.