Philippe Remy-Wilkin | Le Relais Saint-Job, Bruxelles
Photo : Alain Barbero | Texte : Philippe Remy-Wilkin
Le Relais de Saint-Job est mon lieu de rencontre et de suspension du temps idéal, d’autant qu’il caresse le centre de mon village, la place Saint-Job, cette merveille de sérénité et d’ancrage en pleine ville, mon Montmartre à moi et à bien d’autres, ce paradis des artistes et des bobos, avec son église, ses écoles, sa friterie et ses enseignes gastronomiques. Comme une extension de mon Home sweet home, situé à 100 mètres, un endroit à mi-chemin, et comme un sas, entre l’identité et l’altérité.
Je voue ma vie à l’Histoire et aux histoires, et elles affluent dans cet ancien relais de poste, elles courent le long de ses poutres, de ses boiseries, de son carrelage, de ses tables. Qui plus est, le Relais me ressemble ou résume mes aspirations, les métaphorisent. Les délices du temps jadis mais la modernité et l’éclectisme, l’exigence mais la fidélité et le confort. Le personnel convivial qu’on aime retrouver, le bar à l’arrière, et ses tables hautes, ses tabourets, sa salle de réception, le service-traiteur, la terrasse à front de place et cette autre sur les toits. Les produits frais renouvelés mais mon éternelle connexion au filet de bar ou au coquelet à l’estragon.
J’y ai entrevu des stars (Paul Van Himst), déjeuné ou soupé avec des personnalités (Jacques De Decker, Albert-André Lheureux, Joëlle Maison, Jean-Marc Rigaux, Maxime Benoît-Jeannin, etc.), des parents, des amis, des camarades. On y a fêté des retraites et des lancements de projets, des anniversaires et des retrouvailles.
Et ce Relais divin est ouvert 7 jours sur 7, on y est accueilli à toute heure depuis midi. Une cuisine de brasserie mais sophistiquée, très bien notée, à l’image de notre commune du sud de Bruxelles, qui préfère la qualité « sans esbrouffe » aux aléas des modes et démodes.
Interview de l’auteur
Que peut faire la littérature ?
Philippe Remy-Wilkin : La littérature m’est toujours apparue comme une voie de sur-vie. Le réel n’est qu’une apparence parmi d’autres, autant choisir les mondes où l’on se balade, les compagnons qui s’y faufileront. Rien n’existe pleinement sans une mise en récit, une intensification, une métaphorisation.
Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
PRW : Les cafés et les restaurants sont pour moi des lieux de suspension du temps et de rencontre, loin du travail et des aléas de la vie. Ils doivent offrir un décor, une atmosphère propices à un bien-être maximalisé.
Où te sens-tu chez toi ?
PRW : D’abord, dans mon bureau d’auteur, au 4e des 4 niveaux de notre demeure, isolé, au milieu de mes livres et de ma documentation, glissant parfois les yeux vers le plateau verdoyant qui surplombe ma rue, sa venelle mystérieuse et sa bâtisse en contrehaut, où j’entrevois l’ombre des Bates. Ensuite, quelques lieux extérieurs me renvoient une douce impression d’adéquation, vécue en couple nécessairement, à Bruges, Damme, Linkebeek ou Beersel, au Coq ou à Tournai, à Saint-Véran ou à Bonneval.
BIO
Philippe Remy-Wilkin, né à Bruxelles lors d’une pause familiale entre des années africaines et hennuyères, navigue entre appétit du grand large et attraction des racines. Après des études philologiques, il organise sa vie autour de l’écriture, se partageant entre la création et la médiation (19 livres et plus de 400 articles publiés à ce jour). En 2024, il quitte ses chroniques radiophoniques pour devenir éditeur, sollicité par Edern éditions, qui entend révolutionner les pratiques en cours. http://philipperemywilkin.com