Tanja Raich | Cafemima, Vienne
Photo : Alain Barbero | Texte : Tanja Raich, Extrait de Schwerer als das Licht, Éd. Blessing, 2022, parution le 24.8.22 | Trad. : Sylvie Barbero-Vibet
Je me souviens de ce jour-là, il y a bien longtemps déjà. Le matin, il pleuvait sous toutes les formes et dans toutes les couleurs. Des fleurs de naga et d’hibiscus, des orchidées et des amaryllis, une agitation multicolore volant entre les arbres et haut dans le ciel. Je n’avais jamais rien vu de plus beau. Le vent faisait tourbillonner les fleurs au-dessus de la cime des arbres, il les faisait tourbillonner sur toute l’île. Elles volaient dans l’air comme des papillons et retombaient éparpillées sur le sol. Une fleur d’hibiscus m’a frappée au visage, provoquant une douleur lancinante. Et soudain, tout fut nu. Pas de trace de bourgeons, pas de trace de l’après. Et lorsque les fleurs furent desséchées, il ne resta vraiment plus aucune couleur, plus aucun éclat. Tout était devenu terne, brun et gris.
Interview de l’auteure
Que signifie la littérature pour toi ?
Tanja Raich : La littérature est pour moi la porte d’entrée vers de nouveaux mondes, elle m’ouvre de nouvelles perspectives et expériences, me fait voyager, me fait pénétrer dans des mondes de pensées, me touche et me choque – dans le meilleur des cas, j’en ressors en ayant fait peau neuve : en tant que lectrice et écrivaine.
Quelle importance les cafés ont-ils pour toi ?
TR : Je dois faire une distinction entre Vienne et l’Italie. En Italie, ce sont des lieux de rencontre, il s’agit davantage du café en tant que boisson, j’y passe rarement une journée. À Vienne, ils sont en fait un prolongement du salon, même si j’y écris rarement. J’aime le café comme lieu de première rencontre, lorsque je fais la connaissance d’auteurs avec lesquels je souhaite réaliser des livres, par exemple. Parfois, je m’y perds, et cela ne m’arrive qu’à Vienne : on se rencontre pour prendre un Melange et on ressort à deux heures du matin. Pourtant, on n’a pas du tout l’impression d’être à Vienne, peut-être quelque part dans un lieu sans espace ni temps.
Pourquoi as-tu choisi le Cafemima ?
TR : J’adore les marchés et Cafemima est un café de marché, coloré et chaotique. Mon appartement est assez similaire. Beaucoup de plantes et de choses colorées que j’ai ramenées de mes voyages.
Que fais-tu lorsque tu n’es pas au café ?
TR : Je suis dehors, dans un parc, au Prater, ou je fais du vélo sur l’île du Danube.
BIO
Tanja Raich, née en 1986 à Meran (Italie), vit à Vienne en tant que lectrice et auteure. En 2015, elle a initié une nouvelle série littéraire chez Kremayr & Scheriau, axée sur les débuts en langue allemande, où elle a été directrice du programme jusqu’en 2020. Actuellement, elle dirige le programme de littérature et de livres pour enfants chez Leykam Verlag. Son premier roman Jesolo (Blessing 2019) a été nominé pour le prix du livre autrichien Debüt 2019 ainsi que pour le prix littéraire Alpha 2019. Son deuxième roman Schwerer als das Licht sera publié en août 2022 chez Blessing.
tanjaraich.at