Eva Brunner | Schönes Café, Berlin

Photo : Alain Barbero | Texte : Eva Brunner | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

« Schönes Café », que l’on pourrait traduire par « Joli Café », ne porte pas un nom facile. À la fois une affirmation et un défi grammatical. On se retrouve au café Joli Café ou au joli Café ? Mais après tout, il peut bien le porter ce nom, car il tient sa promesse. Je suis contente que ce café existait déjà dans les années 2000, lorsque je cherchais pour la première fois dans le coin un endroit sympa pour prendre le café du dimanche avec une amie. Qu’il était encore là dans les années 2010, quand je voulais faire une petite pause dans mon quotidien familial, me faire plaisir. Et qu’il était toujours là dans les années 2020, quand j’étais à la recherche de mon café préféré à Berlin, proche de mon travail de toujours, dans les rues de Berlin où je me sens le plus chez moi, même si je n’y habite plus. À Uppsala, je saurais quel café choisir, sans hésitation : l’Årummet, à l’angle avec la rivière, avec ses profonds fauteuils d’un autre temps et son choix grandiose de gâteaux.
Au Schönes Café, l’accent est dorénavant mis sur le déjeuner, à l’heure où l’on sert des plats du jour de cuisine fusion faite maison. De la soul food, pourrait-on dire. En général, le petit espace est empli d’ondes positives. Un style sobre et confortable sans être trop cool. Joli, tout simplement – bois laqué de couleur, murs crépis de blanc, petits vases avec des fleurs coupées, presque scandinave façon allemande.

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Eva Brunner : Hum, vaste sujet. Beaucoup, même s’il y a pas mal de gens pour qui elle ne signifie rien, ce que je considère aussi parfois comme une manière de voir tout à fait salutaire pour ne pas tout prendre trop au sérieux. Je trouve bien qu’il y ait toute sorte de littérature et que chacun puisse lire ce qui lui plaît. Par exemple, lorsque les adultes lisent aussi pour eux-mêmes des livres pour enfants ou pour la jeunesse. La littérature peut être une bonne expérience très personnelle, déclencher un dialogue intérieur, donner de nouvelles idées, alimenter les rêves, relier à d’autres lieux ou époques. Et la littérature peut être un bon sujet de conversation, une manière d’échanger personnellement sans parler directement de soi.

Quelle importance les cafés ont-ils pour toi ?
EB : Les cafés sont pour moi des pauses particulières, une manière consciente de prendre le temps ou de passer le temps en se concentrant sur le café et les bons petits plats.

Où te sens-tu chez toi ?
EB : L’endroit où je me sens le plus chez moi est là où se trouve mon lit. Et aussi dans tous les endroits où j’ai vécu, ou là où vit ma famille.

 

BIO

Née en 1980 à Siegen, Eva Brunner vit à Uppsala et travaille dans une agence de communication berlinoise. Elle a fait une thèse de doctorat sur la « poésie confessionnelle » et publie régulièrement des textes littéraires depuis 2010. En 2019, son premier recueil de poésie Achtung, die Naht a été publié chez parsitenpresse. Cet hiver, un deuxième volume paraîtra chez le même éditeur. Également disponible, le petit livre de poésie Die Mandarinenorakel, en collaboration avec Elke Cremer et des illustrations de Yayo Kawamura (GE59, 2021).