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Marcelo Lapuente Mahl | Café A, Paris

Photo : Alain Barbero  | Texte : Marcelo Lapuente Mahl | Traduction : Lionel Féral

 

Je m’endors

Mes tempes palpitent
J’ôte mes lunettes pesantes
et les pose doucement
sur la table

Dans les yeux myopes
se forgent des images floues
Des gens racontant des histoires sans importance
sur leurs aventures de par le monde

Impatient
je tapote du bout des doigts
le plateau de bois sombre
Un, deux, trois…
Un, deux, trois…
et je sais qu’il est déjà tard

Une dernière tasse de café
et finalement
je m’endors.

(Paris, nov./déc. 2021)

 

Original (portugais)


Eu adormeço

Minhas têmporas latejam
Retiro os óculos pesados
e os coloco lentamente
sobre a mesa

Nos olhos míopes
se forjam imagens desfocadas
Pessoas dizendo histórias sem importância
sobre suas aventuras pelo mundo

Impaciente
bato com a ponta dos dedos
no tampo de madeira escura
Um, dois, três…
Um, dois, três…
e sei que já é tarde

Só mais uma xícara de café
e eu finalmente
adormeço.

(Paris, nov/déc 2021)

 


Interview de l’auteur

Que signifie la littérature pour toi ?
Marcelo Lapuente : Plusieurs réponses sont possibles à cette question. J’aime à penser que la littérature est la manifestation artistique la plus complexe d’une langue. Dans le cas de la langue portugaise, nous avons de magnifiques exemples de cette définition : Fernando Pessoa, Carlos Drummond de Andrade, João Guimarães Rosa, Jorge Amado, Clarisse Lispector, Mia Couto, Pepetela, José Saramago… La littérature produite en portugais est un monde infini qui m’émerveille.

Que représentent les cafés pour toi ?
ML : Les cafés sont des lieux de rencontre. Je me sens à mon aise à l’intérieur d’un café confortable et convivial, où l’on peut réfléchir à la vie, faire des projets pour le futur ou simplement laisser passer le temps. Pour moi, les cafés représentent l’une des créations les plus importantes de la modernité urbaine.

Pourquoi as-tu choisi le Café A ?
ML : Le Café A se situe dans les locaux de la Résidence Les Récollets, un lieu démocratique, qui accueille des artistes et des chercheurs étrangers à Paris. Cette vocation plurielle de l’espace constitue l’essence du café A, où l’on peut discuter avec des journalistes, des artistes plastiques, des professeurs, des photographes, des écrivains, des cinéastes, des musiciens, afin d’échanger des idées, des projets et des visions de la vie. C’est l’environnement idéal pour observer la diversité du monde.

Que fais-tu lorsque tu n’es pas au café ?
ML : Lorsque je ne suis pas avec mes proches, je me consacre à l’enseignement et aux questions administratives à l’université. Mais, j’ai toujours le temps de prendre un café sur le campus. J’ai la chance de travailler dans une région productrice d’un excellent café, et les amateurs de cette boisson, comme moi, en profitent quotidiennement.

 

BIO

Marcelo Lapuente Mahl, brésilien, est historien et poète. Professeur à l’Université Fédérale d’ Uberlândia, dans l’État du Minas Gerais, au Brésil, il enseigne l’histoire et le journalisme. Outre les travaux académiques, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de poésie, Fogo Fátuo – combustão espontânea (2020), Entre Ruínas – imagens de Herculano e Pompeia – uma arqueologia poética (2022), ainsi que É hora de sentir destiné au jeune public. En partenariat avec la revue Alterjor, Marcelo Lapuente Mahl a également développé le projet Audiolivropoesia www.usp.br/alterjor/.