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Lisa-Viktoria Niederberger | Madame Wu Teesalon, Linz

Photo : Alain Barbero | Texte : Lisa-Viktoria Niederberger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Regarde et réfléchis. Puis oublie tout immédiatement, ou garde-le au fond de toi pour toujours. Dis-moi un jour dans le futur que tu t’es retrouvé dans un texte, ou pas. La prochaine fois que tu te promènes, raconte à la personne qui t’accompagne : la Niederberger, elle compare dans une de ses histoires l’écorce des platanes avec la peau des dinosaures. Et puis, agrippe l’écorce, regarde le jaune vif et le vert grinçant, l’arbre, le lichen, et surtout le grincement : as-tu déjà entendu de jeunes faucons affamés ? Comme ils crient, comme ils grincent ? On dirait une manivelle rouillée, une manivelle rouillée pour les auvents. Tu sais, ces auvents à rayures marron et orange que tout le monde connaît. Suis-moi dans mes suppositions : l’oiseau à ressort de Murakami, ce doit être un faucon. J’aime que tu te demandes : est-ce vrai tout ce qu’elle dit ? Que la Niederberger s’assoit réellement dans les arbres des heures durant lorsqu’elle écrit sur l’occupation des arbres, qu’elle rédige des notes pendant des heures et qu’elle supprime ensuite les trois quarts du texte ? Mémorise des faits, trouve des conseils de lecture par l’intertextualité. Aie des sentiments, sois en colère contre moi. Nous devrions tous être plus en colère. A un moment donné, on se demandera si on doit pleurer à la lecture des mêmes passages de mes écrits. Je veux que tu marques un temps d’arrêt. Que tu regardes attentivement, que tu lises attentivement. Mais aussi que tu fasses avec moi une pause, une pause du quotidien. Que tu apprennes quelque chose. Que j’apprenne de mes recherches, de mes personnages et de leurs choix. Qu’ils puissent faire les erreurs que je ne me permets pas de faire. Qu’ils pourraient incarner nos « et que se passerait-il si… ». Et que nous puissions co-créer, changer, nous laisser aller, inspirer. Imagine : si tu n’aimes pas ma fin, invente la tienne et raconte-la-moi.

 


Interview de l’auteure

 

Que signifie la littérature pour toi ?
Lisa-Viktoria Niederberger : de manière passive : éducation, immersion, effacement, mais aussi : avoir le droit de comprendre le mode de vie des autres et de l’apprendre. De manière active : un privilège, avant tout. Qu’il y ait des gens qui prennent de leur temps (et de leur argent) pour lire ce que j’ai écrit m’honore, me fait parfois aussi me poser des questions. Cela implique aussi des responsabilités. Bien sûr, c’est aussi un privilège de bénéficier des conditions économiques qui permettent de travailler dans le domaine artistique. Parce que, surtout au début, il n’y a que la précarité.

Que représentent les cafés pour toi ?
L-VN : C’est mon lieu de travail préféré, depuis mes années scolaires. Qu’est-ce qu’on a pu passer comme cours de physique dans des cafés, avec clopes, livres et papotage. J’aime le bruit de fond, observer et écouter. Mais aussi : se récompenser d’avoir écrit/étudié avec des boissons ou des petites choses à manger, ce qu’on n’a pas à la maison..

Pourquoi as-tu choisi le salon de thé Madame Wu ?
L-VN : Ça ne fait pas longtemps que je suis revenue à Linz, je n’ai donc pas encore vraiment de café où j’ai mes habitudes pour travailler. J’associe de très bons souvenirs personnels à ce salon de thé.

Que fais-tu quand tu n’es pas au café ?
L-VN : Actuellement, je travaille à la maison. Ça va, plus ou moins. Lire. Trop de rendez-vous sur zoom. Et je vais bien sûr me promener : chaque jour avec moins d’enthousiasme. Rêver de lectures ou de séances de cinéma.

 

BIO

Née à Linz en 1988, Lisa-Viktoria Niederberger a étudié l’histoire de l’art et la littérature allemande à Salzbourg. Elle a travaillé en tant que rédactrice pour le magazine littéraire erostepost et pour la radio Freies Radio. Elle a fait ses premiers pas littéraires avec la publication de “Misteln” chez edition.mosaik en mars 2018. Récipiendaire du fonds pour la promotion des talents de la province de Haute-Autriche pour la littérature 2019. Elle étudie actuellement les sciences de la culture à l’Université des arts de Linz et travaille en free-lance sur divers projets littéraires.