Simone | Café Hawelka, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

L’observatrice-

A. l’a immortalisée il y a des années déjà. Elle joue avec le voile de la beauté et danse sur la ville en robe bleue traditionnelle. Dans sa tête elle échafaude des contes du Tyrol, et dans les cafés viennois c’est encore et toujours la même rengaine des hommes de la vieille école qui posent encore et toujours les mêmes questions, bien que les réponses se trouvent depuis longtemps sur Wikipedia. Cependant ils la regardent mais ne voient pas le bracelet indiquant qu’elle aimerait seulement passer quelques heures à discuter de vieux films.

 -est observée.

Illy | Café Ritter, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Tu suis tes parents,
Joues au ballon contre le mur, qui chute
Autour du monde.

Tu suis tes enfants,
Racontes une histoire
Sur Berlin, Munich et Vienne.

Tu suis une femme,
Questionnes dans un café presque désert
Dans une ville, qui se tait.

Tu habites au dessus des livres,
Suicide, ange et pureté,
Et tu attends…

Khaled | Café Europa, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il ne leur dévoile qu’une demi-vérité sur la genèse du présent. Une étudiante appliquée rédige l’autre moitié, pendant que A. multiplie les déclics. Il ne pense pas à l’avenir, c’est en tout cas ce qu’il prétend l’après-midi devant une bière, et elle ne se présente jamais à ses examens, car elle sait que seule une actrice des années 50 trouvera grâce à ses yeux. Il lui a appris qu’on dépense au mieux son énergie en philosophant, en particulier sur la saveur des paquets de chips hors de portée, et que la position des idéalistes est rarement confortable.

Eva | Café Westend, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Un train de Paris, un train pour Paris et quelqu’un pour lui prendre ses bagages. Elle part pour l’Ouest et se déguise, ou pas. Elle regarde vers l’Est et A. se demande, c’est elle ou moi.
Elle ou moi, je te demande.
La ville est un village, où tout le monde se connaît, ou pas.
Ils redoutent la fin avant même de commencer, portent des chemises de bucheron, supportent des culottes de peau, s’insupportent de l’entre-deux. Ils prennent une bière et perdent le Nord, ou pas. C’est quelque part en Europe où l’intérieur s’affranchit de l’extérieur qu’ils se sentent comme chez eux.

Jürgen & Barbara Rieger | Café Frame, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Avec la pluie, le tramway est en retard et A. oublie le nom de sa station, bien que ce soit lui qui conduise. Seule une table est occupée, les habitués sont assis au comptoir, se servent eux-mêmes ou presque. De l’extérieur, le spectacle est rassurant, mais c’est oublier le grillage. Une amoureuse détonne par sa lingerie rose en peluche et tout en écoutant du jazz, boit dans la pénombre un chocolat chaud. De dehors, on ne la remarque pas et personne ne devine sa lingerie. Personne ici ne sait ce qu’il en est.

Anna | Café Sperl, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il voit en elle comme à travers un verre de cristal, attend que la lumière perce la fièvre et que l’instant né de son sourire n’éclate pas aussitôt en mille morceaux. Elle fait de son mieux, mais lui, bien trop lent, le laisse échapper. Comme dans un palais des glaces, où possiblibilités, choix et solutions sont décuplés. Même avec des gants de velours il n’ose pas. Ce n’est qu’à la fin qu’elle libère ses cheveux et il se demande si après tout, il n’a pas pris trop de précautions.

Jürgen | Café Jelinek, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Le premier homme voit à travers l’oeil du cyclone,
il regarde les expos d’art,
fait ce qu’il peut lui même,
oublie les voyeurs de toute part,
A. dans un coin et une femme qui l’aime.
Il ne craint
ni le tumulte des idées, ni les charmes de la cité,
ni les attaques à son insu.
Il sait qu’il est traqué
et connait son issue.

Eva | Café Rüdigerhof, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Parmi tant, elle est la première qui l’attend depuis longtemps. Elle observe à distance les convulsions qui le déchirent. Mais il se trompe, s’il pense qu’elle livrera ses secrets. Elle est sceptique, car elle connait, mieux que lui, les lieux où la bière est brassée et où les malades trouvent refuge. Elle perce le mystère de l’image de sa peau et sait qu’il est septique, pas encore prêt pour les combats ni pour son rire salvateur.

 

Eva & Barbara Rieger | Café Rüdigerhof, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il fut un temps, où
un fleuve départageait une ville
la gauche de la droite,
le travail de la passion.
 
Cependant, un serveur a jeté la lumière
sur les visages, et dans le miroir
aux voyages, rôtit depuis longtemps
le poumon de la Révolution
 
Un ancien modèle se tient dans l’entrée
entre les lignes, entre les rives
et nous exhorte :
Sors et rentre

 

Barbara Rieger | Café Kafka, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Tu me regardes avec cet air réprobateur.
Et quand ?
Je me tais, épuisée.
Et donc … !
Je n’en peux plus
Finis !
Tout ce qu’il y a dans ton assiette
Sinon c’est trop tard !
Qui paie pour la gourmandise
Ca va aller !
De nos désirs
Maintenant ou jamais !
À Paris et à Vienne