Archive d’étiquettes pour : Alain Barbero

Stephanie & Ramin | Café Tirolerhof, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Ceux qui nous sont proches
nous sont si éloignés,
tel un enfant, un serveur, du caviar
attirés, pourtant si éloignés
cadavres au Sud et au Nord
rire, pardonner et assassiner,
aimer à l’Est et à l’Ouest
pleurer, oublier et dîner,
aimer le meilleur
aimer à l’Est et à l’Ouest
ceux qui nous sont proches.

Barbara Rieger | Café Kafka, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Si je connais le café Kafka ? Voilà ce que me demande A. Bien sur que je connais ce lieu, dans lequel tu cours à perdre haleine pour finalement revenir à la case départ, tel un cafard trop grand, gisant impuissant sur le dos et condamné à perpétuité sans en connaître la raison. Une bière, un café et une cigarette avec toi, et je tourne le dos au coté kafkaïen de la vie. Mes meilleurs amis planifient leur bonheur familial mais je ne regarde pas en arrière, mais autour de moi : l’une s’est fait réduire l’estomac, même si on ne peut pas dire qu’elle soit grosse. Un autre demande aux filles de la table voisine de l’aider à programmer son mobile. Un troisième, qui semble être là depuis toujours, me regarde le regard vide. Je sais que le désordre ne diminuera jamais.

Bernhard | Café Schwarzenberg, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger  | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Son monde à lui est doux
propre, immaculé et obéissant,
sans solitude.

Les problèmes s’éloignent hors de portée
joyeux, purs et sanglants,
tout est paré.

Son amie est un cupcake
ses cheveux gambadent
sucrés, blonds et foisonnants.

Son costume est comme la vie
la vie comme une bande dessinée,
il n’y a qu’en noir et blanc que le rose est gris.

Hannelore & Anna | Café Frauenhuber, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

A. est nerveux
il les avait imaginées venant de la campagne
pourtant elles marchent par monts et par vaux
et ne campent pas toujours au bois de Boulogne.
Elles posent les questions et savent,
connaissent les chemins et portent,
à Vienne, Graz et Paris,
l’image d’une fermière
la peluche sur la table posée sans vie
le regard rarement en arrière :
Toujours spirituelles,
jusqu’au bout en vie,
et encore un texte
qui ne fait pas rire.
Il n’a pas l’occasion de demander
qui elles sont en réalité.

Lissi & Barbara Rieger | Café Malipop, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

À cette table, dans ce village, dans cette ville, sur cette île, dans ce monde-là règnent travail, amour, fièvre et une image. Là, toute norme ignore les critères, la nuit jette au jour sa lumière, le refus et le consentement vont de pair. Dans cette vie, cette imploration, cette aspiration et cette transition, comme une pâte fait maison ou un Strudel aux pommes brûlé, froid à l’extérieur chaud à l’intérieur, connaissant sa douceur et sachant la dissimuler.

Lissi | Café Malipop, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Les femmes de la ville
fuient le village
se glissent
au rythme de la nuit
se baignent nues
dans les caves de la Terre
et dansent.
Aux battements du temps
avec Vienne, La Havanne, Paris
marteaux-piqueurs, solitude
d’une échappée hors du pays
fuite à la campagne.
Elles rêvent
d’une image
qui ne cesse
de s’effriter
encore et encore.

Simone | Café Hawelka, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

L’observatrice-

A. l’a immortalisée il y a des années déjà. Elle joue avec le voile de la beauté et danse sur la ville en robe bleue traditionnelle. Dans sa tête elle échafaude des contes du Tyrol, et dans les cafés viennois c’est encore et toujours la même rengaine des hommes de la vieille école qui posent encore et toujours les mêmes questions, bien que les réponses se trouvent depuis longtemps sur Wikipedia. Cependant ils la regardent mais ne voient pas le bracelet indiquant qu’elle aimerait seulement passer quelques heures à discuter de vieux films.

 -est observée.

Illy | Café Ritter, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Tu suis tes parents,
Joues au ballon contre le mur, qui chute
Autour du monde.

Tu suis tes enfants,
Racontes une histoire
Sur Berlin, Munich et Vienne.

Tu suis une femme,
Questionnes dans un café presque désert
Dans une ville, qui se tait.

Tu habites au dessus des livres,
Suicide, ange et pureté,
Et tu attends…

Khaled | Café Europa, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il ne leur dévoile qu’une demi-vérité sur la genèse du présent. Une étudiante appliquée rédige l’autre moitié, pendant que A. multiplie les déclics. Il ne pense pas à l’avenir, c’est en tout cas ce qu’il prétend l’après-midi devant une bière, et elle ne se présente jamais à ses examens, car elle sait que seule une actrice des années 50 trouvera grâce à ses yeux. Il lui a appris qu’on dépense au mieux son énergie en philosophant, en particulier sur la saveur des paquets de chips hors de portée, et que la position des idéalistes est rarement confortable.

Eva | Café Westend, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Un train de Paris, un train pour Paris et quelqu’un pour lui prendre ses bagages. Elle part pour l’Ouest et se déguise, ou pas. Elle regarde vers l’Est et A. se demande, c’est elle ou moi.
Elle ou moi, je te demande.
La ville est un village, où tout le monde se connaît, ou pas.
Ils redoutent la fin avant même de commencer, portent des chemises de bucheron, supportent des culottes de peau, s’insupportent de l’entre-deux. Ils prennent une bière et perdent le Nord, ou pas. C’est quelque part en Europe où l’intérieur s’affranchit de l’extérieur qu’ils se sentent comme chez eux.