Archive d’étiquettes pour : Café

Watson Charles | Café associatif La Commune, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Watson Charles

 

Café de La Commune libre d’Aligre

Dans un décor à la fois simple et atypique, le café La Commune apporte, à ceux qui viennent boire un verre ou discuter, un calme serein face ce à brouhaha, à cette odeur étouffante que connaît Paris. Près des murs tapissés d’affiches, appelant à la révolte ou à combattre les injustices, Guillaume me parle de sa prochaine soirée de « Poésie en liberté », qu’il organise une fois par mois dans le café, où il invite des gens à venir lire leurs poèmes, à interpréter du Brel, du Ferrat. Se trouver dans ce lieu est ce qu’il y a de mieux pour échapper à ce monde qu’on juge impitoyablement mauvais et grotesque. La Commune est le lieu par lequel j’entrevois le monde chargé de mélodie, où je m’attarde à écouter la voix de cet homme, venu d’ailleurs, qui me raconte son exil ; son long périple presque imaginaire, à boire mon café sur une table d’écolier, tout en jetant un œil vers le coin du bar qui fait également office de cuisine, avec ses ustensiles accrochés au mur, et ce serveur à la voix rauque et métallique qui accueille chaleureusement les clients et les habitants du quartier. Le brouhaha autour du café d’Aligre me rappelle Port-au-Prince. Ce lieu, où je viens régulièrement pour rencontrer des amis, est devenu la porte par laquelle j’entre dans le monde et je m’y perds réellement. Sur le vieux piano, coincé contre le mur, un homme joue des notes de musique comme pour accompagner cette voix discrète et belle d’une femme qui fredonne une chanson de son pays lointain, et qui raconte le travail des hommes dans les champs. Sur mon carnet, je commence à écrire mes poèmes, à capter l’image de cet instant à la fois simple et sublime.

 


Interview de l’auteur

Que signifie écrire de la poésie et écrire des romans ?
Watson Charles : Je crois que la poésie ou le roman – comme je l’ai toujours dit – est l’une des formes artistiques et intellectuelles qui nous permet de saisir le réel et l’être humain dans sa dimension la plus totale. Je récuse toute hiérarchisation de genre comme cela a été établi historiquement depuis l’Antiquité. Le fait de faire appel à ces deux genres littéraires comme expression artistique me permet d’appréhender le monde dans sa totalité. Il faut dire que je suis rentré en littérature par la poésie mais j’accorde une très grande importance à la fiction. 

Peut-on, aujourd’hui, parler de l’engagement en littérature ?
WC : Si l’engagement en littérature est historiquement apparu à un moment donné comme étant une remise en cause de la souveraineté d’un pays et de sa culture dominante, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui il est toujours présent sous les plumes des écrivains qui dénoncent les inégalités de la société capitaliste. Je pense qu’écrire pour un écrivain est un acte politique. Le regard qu’il porte sur le réel permet de questionner et de changer le monde. Je crois qu’écrire est un catalyseur permettant aux gens une prise de conscience à la fois individuelle et collective.

 

BIO

Watson Charles a fait ses études de Lettres modernes à l’École Normale Supérieure (ENS) de Port-au-Prince (Haïti). Il est l’auteur du recueil de Seins noirs (éditions Aethalidès 2022), du roman Le ciel sans boussole (éditions Moires 2021), mention spéciale du Prix Senghor du premier roman francophone et francophile, et du recueil de nouvelles Le Goût des ombres (éditions Unicité, 2024) pour lequel il a reçu le Prix Christiane Baroche de la Société des Gens de Lettres ( SGDL).

Brahim Saci | L’impondérable, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Brahim Saci

 

S’il est un lieu qui m’est cher, presque vital, c’est le café littéraire de l’Impondérable, à Paris. Tous les dimanches à 18h, il devient un carrefour d’âmes, de poésie, de musique, d’idées. C’est l’écrivain, poète, journaliste, Youcef Zirem, qui en est l’âme. Son énergie, son humanité, font de ce moment hebdomadaire une respiration essentielle, avec Mourad et Sofiane, les hôtes chaleureux de l’Impondérable, qui nous accueillent avec une gentillesse rare.

Là-bas, l’atmosphère est amicale, presque fraternelle. Les échanges sont toujours respectueux, profonds. On y parle de littérature, d’arts, de vie — et surtout, on y écrit.
C’est dans ce lieu que j’ai trouvé l’inspiration pour l’essentiel de mes vingt recueils de poésie. Souvent, tard dans la nuit, je reste assis à une table, une tasse de café refroidie à mes côtés, attendant que la muse vienne s’asseoir en face. Les cafés sont pour moi des refuges créatifs, des foyers de pensée libre.

Chaque recoin de l’Impondérable semble habité par des mots en attente.
On y entend des rires, des vers, des silences pleins de promesses.
C’est un lieu de mémoire vive, mais aussi d’avenir poétique.
On y croise des voix venues d’ailleurs, des langues mêlées, des histoires entremêlées.
C’est une résistance douce face à la brutalité du monde.
Un îlot de beauté dans le tumulte parisien.

À Paris, ville des poètes, les cafés ont vu naître tant d’œuvres. Verlaine, Aragon, Camus, Kateb Yacine… tous ont écrit dans ces lieux habités. L’Impondérable s’inscrit dans cette tradition vivante.
C’est plus qu’un café. C’est un espace de création, de liberté, où la parole circule, où les silences inspirent, où les regards échangent plus que des mots.
Ce café, je le porte en moi. Il est un prolongement de ma voix, de mes textes, de mon être.

 


Interview de l’auteur

La littérature peut-elle encore sauver le monde ?
Brahim Saci : Oui, elle peut encore jouer un rôle essentiel. Elle ne sauvera peut-être pas le monde dans un sens concret, mais elle sauve les esprits. Lire, c’est apprendre à penser, à douter, à ressentir. La littérature nous aide à mieux comprendre le monde et les autres. Elle éveille les consciences, forme des esprits critiques. Habituer les enfants à lire, c’est leur transmettre une liberté intérieure, une force silencieuse pour construire un avenir plus juste.

Le café a-t-il encore aujourd’hui une importance sociopolitique, et si oui, laquelle ?
BS : Oui, le café reste un lieu d’échange libre, un espace où les idées circulent sans contrainte. C’est un endroit où les masques tombent, où l’on débat, partage, écoute. Dans un monde de plus en plus numérique, les cafés sont encore des lieux physiques de lien social, de parole vivante. Ils gardent cette fonction de laboratoire d’idées, comme autrefois les salons littéraires.

Où te sens-tu chez toi ?
BS : Je me sens chez moi dans les lieux d’échange, là où l’on peut être soi-même. Cela peut être dans un café, dans un livre, ou dans une discussion vraie. Ce sont ces espaces de liberté qui me donnent le sentiment d’appartenance.

 

BIO

Brahim Saci est un poète, écrivain, journaliste, auteur-compositeur d’expression franco-kabyle. Né entre deux rives, il explore dans ses textes l’exil, l’amour, la mémoire et la liberté. Auteur de vingt recueils de poésie, il est une voix singulière et engagée, à la croisée des cultures. Très actif dans les milieux littéraires parisiens, il puise son inspiration dans les cafés, notamment au café littéraire de l’Impondérable, où il écrit souvent, tard dans la nuit.

Anne Morelli | Brasserie Verschueren, Bruxelles

Photo : Alain Barbero | Texte : Anne Morelli

 

J’ai donné rendez-vous pour cette rencontre avec Alain Barbero à la Brasserie Verschueren. Son gérant, Bertrand Sassoye, m’est sympathique et nous avons partagé un certain nombre d’idées.
Mais un jour nos chemins se sont séparés…
J’ai 100 fois dans ma vie, tonné contre les banques et leurs escroqueries en disant « Il faudrait leur foutre une bombe ». Malgré cette affirmation, je ne l’ai jamais fait mais Bertrand Sassoye bien ! Le groupe dont il faisait partie (les « Cellules communistes combattantes ») veillait à ne s’attaquer qu’ à des symboles peu défendables du capitalisme : entreprises produisant des armes, banques, locaux de l’OTAN ou de la gendarmerie, bureau de recrutement de l’armée. Ces attentats (une vingtaine) étaient programmés pour ne jamais atteindre des innocents.
Mais le premier mai 1985, une erreur de transmission entraîne la mort de 2 pompiers.
Le groupe est arrêté à la fin de cette même année et condamné en 1988 à la prison à perpétuité. Alors que la date de leur possible libération conditionnelle est atteinte, ils sont cependant maintenus en détention jusqu’en 2000 et 2003. Des assassins ayant tué femme et enfants sont libérés après 7 ou 8 ans de prison pour bonne conduite mais eux devaient faire la preuve qu’ils avaient renoncé à leurs idées. Peut-être par une déclaration publique affirmant que le capitalisme était désormais moral ?
J’ai suivi une voie très différente de la leur.
Par l’enseignement universitaire et la vulgarisation des luttes du passé, j’ai tenté de sensibiliser des générations entières (1200 étudiants suivaient chaque année mon cours de Critique historique à l’Université de Bruxelles) à l’esprit critique et à l’action. Ma façon à moi de « semer » chez les jeunes des graines contre le désespoir et le sentiment d’impuissance qui les habitent trop souvent.

 


Interview de l’auteure

Comment pouvons-nous encore nous asseoir confortablement dans un café face à la situation du monde ?
Anne Morelli : Alors que des milliers d’innocents sont chassés de leurs terres ancestrales, déportés, bombardés, affamés, assassinés, sous nos yeux, il peut certainement apparaître inconvenant de s’installer confortablement dans un café pour y savourer sa boisson préférée. Mais le café peut aussi être – loin de la surveillance de nos gsm – lieu de rencontre, de discussion, d’élaboration de projets. Lieu de résistance aux médias menteurs, aux politiciens complices.
La Révolution française n’a-t-elle pas mûri dans les cafés ?

La littérature peut-elle encore sauver le monde ? / Pourquoi écrire et lire encore ? 
AM : Des milliers de livres – ne serait-ce qu’en français – sont publiés à chaque rentrée littéraire. Et chaque année des centaines de milliers d’exemplaires de ces livres sont envoyés au pilon. Chaque auteur pensait avoir écrit une œuvre géniale et unique. Le « marché » de l’édition n’a gardé que les livres « rentables » que leur promotion emmène vers le succès. L’intelligence artificielle est, paraît -il, capable d’écrire des romans. Je n’en doute pas (les rayons des libraires sont pleins de niaiseries) mais pourra-t-elle concurrencer Guerre et Paix ?
Plus modestement, je me réjouis que certains de mes livres aient eu un impact politique : contre la bêtise nationaliste, par exemple, qui, dans chaque pays , tord l’histoire pour se présenter comme un peuple exceptionnel. Ou pour mettre en garde les lecteurs contre la propagande de guerre, en dévoilant ses mécanismes toujours semblables, toujours efficaces.

Peut-il y avoir un langage littéraire pour l’activisme ? Ou est-ce que les deux sont séparés ?
AM : Il n’est pas de langue particulière à l’activisme mais écrire et parler de manière compréhensible pour un large public est indispensable si on veut diffuser ses idées.
Cela ne veut pas dire qu’il faut simplifier à l’extrême sa pensée mais l’exprimer de manière à être entendu.
Un effort que tous les « intellectuels » n’assument pas…

 

BIO

Anne Morelli est historienne, professeure honoraire de l’Université de Bruxelles (ULB). Les ouvrages collectifs qu’elle a dirigés proposent une autre histoire que la version classique du nationalisme : histoire des rebelles, des subversifs, des étrangers, des  Belges émigrés et réfugiés de guerre… Son petit livre Principes élémentaires de propagande de guerre est devenu un classique, mis à jour fréquemment et traduit en 8 langues dont le japonais et l’espéranto.

Nika Pfeifer | Wiels’ CAFÉ, Bruxelles

Photo : Alain Barbero | Texte : Nika Pfeifer | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Un lieu qui fait semblant d’être ouvert, et qui l’est vraiment ! C’est le WIELS. Pas un musée, mais un champ d’expérimentation, un espace de possibilités, une ancienne brasserie qui refuse de n’être que passé. Les énormes cuves en cuivre brillent toujours. Pas pour se souvenir. Elles sont la partie émergée de quelque chose qui reste sans être là. Au WIELS, rien n’est simplement là, tout est comme une piste. On devient partie prenante de ce jeu. Chaque passage d’une salle à l’autre : une translation. Dernièrement avec Willem Oorebeek : époustouflant ! La manière dont il transforme les lettres et le texte en médias tridimensionnels et performatifs, des objets artistiques qui font vivre l’écriture  comme une image, la plasticité et l’espace, qui renvoient (nous renvoient) vers ce qui parvient à nos yeux lorsque nous consommons des images en masse. Ses séries BLACKOUT sont à la fois une barrière esthétique et une invitation : des champs d’encre noire à travers lesquels l’image brille comme une ombre, elle ne disparaît pas, elle exige la proximité : Rapproche-toi, change de point de vue, de lumière. Voir devient un geste, percevoir l’espace devient un mouvement. Lumière, surface, construction de la visibilité, tout devient sujet. Ceci n’est qu’un bref ressenti parmi de nombreuses visites. EN EFFET : avant tout, il y a le café, l’interface au rez-de-chaussée. Un café ? Oui. Du café ! Ou du thé. Parfois de la bière, ironiquement genoug. Dans cette architecture aux fenêtres follement hautes, la lumière se glisse dans chaque interstice, qu’il pleuve ou qu’il y ait de la brume dehors. La lumière révèle sans cesse de nouveaux angles dans la pièce. La soupe fume, les glaçons s’entrechoquent, l’espace crée une résonance, par des reflets de lumière, des traces sonores, des mouvements doux. Les tables invitent à écrire, les chaises à écouter. Les pensées sont guidées par l’architecture, s’abstraient, se fragmentent, se recomposent – et nous avec. Le WIELS fonctionne parce qu’il laisse de la place. Pour tout, même pour ce que l’on n’a pas cherché. Et quand on part, on emporte quelque chose avec soi : des images, des questions, des idées, des rencontres, de nouveaux amis. Le WIELS reste une scène sur laquelle tout cela a lieu. Sauf le lundi. C’est fermé.

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Nika Pfeifer : Hum, que peut la littérature… ? Je dirais : beaucoup de choses, si ce n’est TOUT. Tout ce qui est dans l’œil de l’observateur, de l’observatrice. Personne ne peut le savoir ou le prédire. En tout cas, elle peut faire briller ce qui se trouve derrière les yeux. Du grand art de la magie. 

Le café est-il plutôt un lieu de retraite, de rassemblement ou de réunion ?
NP : Un lieu, lieu, lieu, de retraite, de collection et de rassemblement, je dirais. Alain m’a demandé quel était mon café préféré à Bruxelles, et j’ai pensé à tant de lieux sensationnels, des cafés traditionnels, des bars, des pubs cools, des brasseries, des beisln comme on dit en bon viennois, que le choix a été difficile. J’ai choisi le café WIELS parce qu’il a été l’un de mes premiers lieux d’écriture à Bruxelles. Il combine tout ce qui met mes pensées en mouvement. Un espace de possibilités. Pas un musée statique, mais une expérience vivante où l’art est produit et vécu. Ce que j’aime, c’est que c’est un lieu qui transforme. Il ne se contente pas de montrer, il permet l’échange.

Où te sens-tu chez toi ?
NP : Deux idées :
chez soi : coordonnée entre 
nostalgie & d’absence
Et :
« bienvenue à la maison » 
C’est ce que je lis et je me demande 
où peut bien se trouver ce chez-soi.
PS : Sylvia Petter l’a si merveilleusement formulé dans un poème court :
I don’t belong,
I long to be.

 

BIO

Nika Pfeifer travaille comme auteure et artiste entre Vienne, Bruxelles et dans des projets internationaux. Elle a notamment reçu le prix Reinhard Priessnitz, a été « Max Kade Fellow » aux États-Unis et a été invitée à donner des cours dans des universités internationales. Elle travaille à l’intersection de la littérature, de l’art et du cinéma ; son œuvre comprend de la poésie, de la prose, des travaux radiophoniques et des courts métrages. En 2024, son recueil de poésie TIGER TOAST est paru aux éditions Ritter, accompagné de publications dans des revues et anthologies internationales. 

Bénédicte Vidaillet | Tok’ici, Lille

Photo : Alain Barbero | Texte : Bénédicte Vidaillet

 

Au Tok’ici

Dans ce monde de grands toqués au pouvoir, heureusement, y a le Tok.

Des toques, ici, on en trouve. Pas étoilées, mais qui nous mettent des étoiles plein les yeux. Bao, tahchin, soupe won ton et sauce tarator, cromesquis ou waterzooï. Dis-le : tu en as déjà plein la bouche.

Toque, entre. Pas de cheminée mais des sourires, des saluts, un petit verre, quelques mots et souvent plus.

Et si tu es un peu toqué, tu peux aussi trimballer tes tocs au Tok. Aligner ta chaise de bar sur les joints de carrelage du sol, franchir le seuil deux fois plutôt qu’une, te signer avant toute gorgée : ça te donne juste un style, on n’en fait pas tout un plat. 

Et tok !

 


Interview de l’auteure

Comment littérature et engagement trouvent écho en toi ?
Bénédicte Vidaillet : Je n’aime pas ce que devient ce monde. Alors plutôt que de pleurer ou d’enrager seule, je milite et je crée des assos, avec d’autres, pour défendre un parc dans la banlieue lilloise, puis une grande friche au centre de Lille, d’une urbanisation folle qui nous exproprie de nos histoires, de nos souvenirs, de nos liens sensibles avec nos lieux de vie. Et qui détruit chaque jour un peu plus le monde vivant, animal et végétal. Et j’écris : des manifestes, des coups de gueule, des essais. Ecrire et agir sont pour moi intimement liés.

Quelles sont tes aspirations ? 
BV : En militant, nous essayons de défendre et d’inventer autre chose que la ville et la vie auxquelles nous assigne le régime de ces experts qui urbanisent « pour notre bien ». Nous exprimons notre quête d’un monde qui corresponde davantage à nos aspirations, à nos désirs, à notre conscience. Un monde qui nous donne envie d’être en vie, que nous pouvons habiter avec nos corps, nos sens, nos sensibilités.

Pour quel monde ? 
BV : Au fond, nous voulons des choses simples et essentielles : un air respirable, une eau potable sur le long terme, des terres épargnées pour nous nourrir, de la beauté ; à portée de nos pas ou de nos roues de vélo, nous voulons sentir les rythmes de la nature, voir pousser un chou ou un arbre, nous émerveiller, rencontrer, discuter, apprendre, faire des expériences, être en mouvement. 

Nous sentir vivants

 

BIO

J’aime les mots. Pas étonnant que je sois devenue psychanalyste. Et que j’écrive aussi, des articles, des livres. Certains sont traduits, en italien ou en anglais. Le dernier s’appelle : Pourquoi nous voulons tuer Greta – Nos raisons inconscientes de détruire le monde (érès, 2023).

Jean Portante | Café La Liberté, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Jean Portante

 

À Luxembourg, j’étais un assidu des cafés. Il y en avait un, le plus mythique, disparu entre-temps, qui était mon deuxième chez-moi, tous les soirs ou presque, jusqu’à l’aube, la bière y coulait à flots. C’était dans les années 1970. Il y avait le monde à refaire. L’avenir était au bout de nos rêves. L’utopie à portée de désir. Des amourettes d’une nuit y naissaient et mouraient. Ça s’appelait « Chez Malou ». Des étudiants, des artistes, des politiques, des avocats s’y mêlaient. J’y ai rencontré mon premier poète : Edmond Dune. L’auteur de « Je vous écris d’un café triste ». Je pense souvent à lui. Le poète triste. Peut-être est-ce lui qui a donné la première pichenette me poussant dans la poésie. Puis, je suis parti. À Paris. Je voulais être poète. Écrivain. J’ai écrit mes premiers livres. Les autres ensuite. Mais je n’ai plus eu besoin de cafés. D’ailleurs, les lieux légendaires étaient en déclin. Il y avait encore, dans les années 1980, le Saint-Claude, sur le boulevard Saint-Germain, où l’on pouvait croiser des poètes, mais très vite il a cédé le pas à un magasin de vêtements chics. Dans les autres, Les Deux Magots, le Flore, Lipp, La Closerie des Lilas, les touristes faisaient flamber les prix. Et moi j’étais un sans-le-sou. Comme tous mes amis poètes et artistes. On se retrouvait chez les uns et les autres, buvait du vin à quat’sous, au café je n’y allais que pour des rendez-vous. Le Sarah Bernhardt tout d’abord, à Châtelet, parce que tous les métros y mènent. La Liberté, enfin, à Edgard Quinet, plus près de chez moi. Là où Sartre allait à la fin de sa vie. Mais ni les garçons ni les clients ne le savent. Moi oui. Est-ce pour cela que je ne m’assieds pas toujours à la même table. Comme si j’étais à la recherche de la chaise que lui aurait choisie. 

 


Interview de l’auteur

La littérature peut-elle encore sauver le monde ?
Jean Portante : La littérature dit le monde. Elle crée un monde. Elle enrichit l’imaginaire du monde. Mais contre la dérive du monde elle n’a pas d’armes. Elle n’a pas d’armes contre les guerres, les famines, les dictatures, l’argent, la faillite éthique, le mensonge, la déshumanisation, la perte de sens de plus en plus généralisée… Un poème, un roman, une nouvelle, une pièce de théâtre ne sont que des moments intimes qui s’adressent à l’intime du lecteur, lui procurent un plaisir, le mettent parfois en garde, l’aident à comprendre, l’humanisent, lui ouvre des horizons, mais à sa condition sociale ils ne changent rien. Que vaut une bibliothèque contre une bombe qui à Gaza, en Ukraine ou ailleurs, tombe sur l’immeuble qui l’abrite. Si l’humanité veut se donner un avenir, elle a besoin de se créer une utopie sociale. Sur ce terrain-là, peut-être, la littérature pourrait planter ses graines, mais aura-t-elle le temps. Il y a urgence aujourd’hui. La maison déjà brûle. 

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
JP : Je sais qu’il y a des écrivains qui s’assoient dans un coin d’un café, pour prendre des notes, et même pour écrire, ou tout simplement pour permettre à leur esprit de divaguer, moi non. Ou, plutôt, plus. Ou plus à Paris. Quand je suis ailleurs, je me mets systématiquement à la recherche de cafés que d’autres écrivains avant moi ont fréquentés. J’y cherche à lire la ville, avant de l’arpenter. Et je prends des notes…

Où te sens-tu chez toi ?
JP : Pour écrire : chez moi, dans mon bureau, à Paris, entouré de mes livres… Sinon, dans le monde entier.

 

BIO

Jean Portante est né en 1950 à Differdange (Luxembourg), de parents italiens. Il vit à Paris. Son œuvre, riche d’une cinquantaine de livres – poésie, romans, essais, pièces de théâtre – est largement traduite. En France, il est membre de l’Académie Mallarmé. En 2003, il y a reçu, pour son livre L’étrange langue, le Prix Mallarmé. En 2011, il a été couronné au Luxembourg du Prix national. Depuis 2018 il écrit ses livres en deux langues, français et italien. Depuis plus de trente ans, il exerce une activité de traducteur littéraire.

Beata Umubyeyi Mairesse | La Diplomate, Bordeaux

Photo : Alain Barbero | Texte : Beata Umubyeyi Mairesse

 

Il y a des lieux dont le seul nom évoque immédiatement le souvenir d’un moment précis dans la vie,  et le salon de thé La Diplomate en fait partie. Pourtant je n’y suis allée que de façon sporadique. La première fois, celle qui m’a le plus marquée, c’était en 2014.  J’avais donné rendez-vous à deux amies pour leur soumettre un projet qui me tenait à cœur depuis longtemps : lancer à Bordeaux un cercle de lectures afro-caribéennes. C’était la fin de l’été et l’atmosphère durasienne, feutrée et fraîche (en raison des murs en pierre de la bâtisse, dans la vieille ville), était toute trouvée pour une conversation littéraire enflammée. Elles partageaient ma passion et nos différentes origines offraient un horizon de lectures infini. Comme j’étais très enceinte, nous prîmes date pour lancer les rencontres de ce nouveau book-club à l’automne. Mon fils naquit le lendemain, le cercle vit le jour en novembre. 
Je suis revenue à La Diplomate pour acheter des thés et tisanes, sans plus avoir le temps de m’y poser, me promettant de le faire quand les enfants seraient grands. Je repartais avec des sachets parfumés portant le nom de villes du monde auxquelles les propriétaires des lieux avaient ajouté une description toute poétique. Voici les deux que j’affectionne le plus :

Kigali (Rooïbos vert, verveine, écorces d’orange, framboises entières, groseilles, fleurs de souci, passiflore, morceaux de pomme) : « Le pays aux mille collines, la paix enfin retrouvée, hommage à la tendresse de l’âme, où la féminité est mère et lumière »                                                                                                               

Zanzibar (Thé vert Sencha, tranches de fraises, framboises entières, pétales et boutons de rose): « L’Afrique, l’Asie, les felouques attendent le départ vers Ceylan, les voiles se gonflent »

 


Interview de l’auteure

Que peut faire la littérature ? 
Beata Umubyeyi Mairesse : À l’époque où je commençais l’écriture de mon premier livre, j’ai lu cette belle réponse, que je fais mienne, dans une texte de Zadie Smith sur David Foster Wallace : « la bonne littérature est faite pour réconforter les gens dérangés et déranger les gens confortables ».

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
BUM : C’est une promesse encore à tenir. Un livre, un thé, du temps retrouvé.

Où te sens-tu chez toi ?
BUM : Là où personne ne me demande d’où je viens (vraiment).

 

BIO

Beata Umubyeyi Mairesse est née et a grandi au Rwanda. 
Elle a coordonné pendant 15 ans des projets de prévention en santé en France et à l’étranger. 
Elle publie depuis 10 ans des nouvelles, de la poésie et des romans multi-primés. Ses derniers ouvrages publiés sont un album jeunesse, Peau d’épice (Éd. Gallimard jeunesse, 2023), un recueil de poésie, Culbuter le malheur (Éd. Mémoire d’encrier, 2004) et un récit, Le Convoi (Éd. Flammarion, 2024). Ce dernier a reçu de nombreux prix littéraires dont le Prix de l’essai France Télévision et le Prix franco-allemand Franz Hessel.

 

 

Marius Daniel Popescu | Café Romand, Lausanne

Photo : Alain Barbero | Texte : Marius Daniel Popescu

 

Tu as été ici plusieurs centaines de fois. Avec René-Luc qui te parlait de Gustave Roud et vous buviez du vin blanc de la région. Avec Dominique, il te parlait de ses élèves et de ses poèmes, vous trinquiez à la santé de tous les habitants de la rue du Maupas. Avec Marie-José, Sarah et Oana, vous mangiez de la fondue moitié-moitié et vous grandissiez ensemble. Avec Michel et Véronique, vous parliez de livres et d’écriture. Avec Pierre Louis, vous restiez de temps en temps jusqu’à la fermeture. Avec François, vous parliez de la chasse et vous buviez des bières. Avec Jean Christophe, vous pensiez à un prochain numéro du journal littéraire « le persil ». Avec Daniel et Vincent, vous disiez des poèmes de la vie de chaque jour. Avec Jean-Louis, dit « Le Papillon ». Avec Béatrice, vous montriez au monde vos doigts et vos yeux. Avec Isaac, vous nagiez dans vos nouvelles. Avec Dominique et Véronique, vous souriiez aux mots cachés dans une guitare. Avec Victor, vous viviez avec Bob Dylan. Avec Francine, Ingrid, Robert et sa femme, avec Ramon, Philippe et Sergueï. Avec beaucoup d’autres femmes et hommes de Lausanne et d’ailleurs.

Tu entres, tu as réservé deux places pour midi, tu regardes à l’intérieur, tu vois les serveuses et les serveurs au fond de la salle, tu avances parmi les tables, tu t’approches d’eux, tu les salues, ils te disent « bonjour », l’une des serveuses te prend en charge, elle t’accompagne vers votre table, elle te la montre, elle dit « c’est ici ».

Aujourd’hui, tu es ici avec Alain, vous allez manger du papet vaudois, vous allez parler de vos vies, de vos envies, de vos m et vos d et vos i. Ici, Alain va prendre des photos de toi. Tu vas le regarder : comme si Times New Roman, Calibri, Garamond et Bahnschrift prenaient ensemble un bain de Calamin.

 


Interview de l’auteur

Que peut faire la littérature ?
Marius Daniel Popescu : Saisir vie créer vie donner vie surprendre vie penser vie voir vie entendre vie faire vie passer vie apporter vie conduire vie montrer vie inventer vie transmettre vie survivre vie gagner vie garder vie multiplier vie sortir vie comprendre vie nourrir vie lancer vie fleurir vie parler vie durer vie continuer vie annoncer vie protéger vie crier vie vivre vie apprendre vie maintenir vie sauvegarder vie développer vie partager vie.

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
MDP : Etre seul et avec les autres. Etre seul. Etre avec les autres. Etre les autres. Etre moi-même. Arriver. Parler. Regarder. Manger. Boire. Parler. Regarder. Partir.

Où te sens-tu chez toi ?
Marius Daniel Popescu : Dans les appartements et les maisons. Dans les cafés les bars les restaurants. Dans les regards des autres. Dans les paroles. Dans les livres. Dans les rêves. Dans les rues. Dans les forêts. Dans les champs. Dans les bus les trains les métros les avions. Dans ma mémoire. Dans les mots.

 

BIO

Né en Roumanie le 10 juin 1963, Marius Daniel Popescu vit en Suisse depuis le 01.08.1990.
Poète et écrivain de langue française, il a gagné plusieurs prix littéraires : Prix Rilke, Sierre, 2006, pour Arrêts déplacés (Editions Antipodes, Lausanne); Prix Robert Walser, Bienne, 2008, pour La Symphonie du loup (Editions José Corti, Paris); Prix culturel vaudois de littérature, Lausanne, 2008; Grand Prix Littéraire du Web, Paris, 2012; Prix de l’Inaperçu, Paris, 2012; Prix fédéral de littérature, Berne, 2012, pour Les Couleurs de l’hirondelle (Editions José Corti, Paris, 2012).

Nora Bouazzouni | Café du Coin, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Nora Bouazzouni

 

J’aime le brouhaha des bars, des cafés et des restaurants, car il fait taire mon brouhaha intérieur. Le jour, il m’empêcherait de travailler – j’ai besoin de silence pour écrire – mais le soir, il m’empêche de ruminer. Je le hume, m’en imprègne, il m’enveloppe et m’apaise. Quand d’autres méditent pour faire le vide ou chasser les pensées négatives, moi je m’assois, seule, au comptoir, je commande un verre de vin ou un negroni et j’écoute. Chaque endroit a son brouhaha, un genre de signature sonore qui lui est propre. Je reconnaîtrais celui de mes bars et restos préférés entre mille – le bruit de la machine à bière, celui des frigos qui s’ouvrent, la manière dont les voix rebondissent sur les murs, dont les chaises et tabourets glissent sur le sol. J’écoute les conversations, les questions des client·e·s, j’épie les regards en coin, les bras qui se croisent, les cheveux ramenés derrière l’oreille, les chaussures neuves, le trait d’eyeliner, les livres qu’on feuillette en attendant un date. J’essaie de deviner qui est le collègue, l’amie, bientôt l’amante ou déjà l’amoureux, qui trompe sa femme, qui s’emmerde, qui n’est que de passage dans ce café, ce bar, ce resto, cette ville, ce pays. J’entends tout, je vois tout. Je deviens invisible.

 


Interview de l’auteure

Comment pouvons-nous encore nous asseoir confortablement dans un café face à la situation du monde ?
Nora Bouazzouni : Permets-moi de répondre à cette question par une autre : qu’est-ce que ça changerait à la situation (désespérée) du monde si nous arrêtions de fréquenter les cafés ?

Les cafés : lieux d’interaction sociale ou de pure consommation ?
NB : Les deux ! Siroter la même orange pressée pendant une demi-heure ; commander une entrée ou deux desserts ; noyer son chagrin dans du Chenin… On pourrait le faire chez soi, mais ça n’aurait pas la même saveur. On va dans un café pour boire ou manger, mais aussi pour voir (ou être vu·e), échanger, écouter, sentir… L’interaction sociale commence dès lors que vous franchissez la porte, que vous décidiez ou non d’adresser la parole aux autres clients.

Le café a-t-il encore aujourd’hui une importance sociopolitique et si oui, laquelle ?
NB : Les cafés ont mille fonctions sociales et donc politiques : ils brisent l’isolement, favorisent les rencontres, les discussions… Ce sont des lieux de convivialité, de pause ou de fête, mais aussi d’organisation militante, donc de sociabilité politique : au début du XXe siècle, faute de locaux ad hoc, les mouvements ouvriers se réunissaient dans les cafés !

 

BIO

Nora Bouazzouni est une journaliste indépendante, écrivaine et traductrice née en 1986, qui vit à Paris. Elle travaille principalement sur l’alimentation, le genre et les séries, à travers des articles, vidéos et podcasts. Son dernier livre, Violences en cuisine, une omerta à la française est paru chez Stock au mois de mai. Elle a également publié trois essais aux éditions Nouriturfu, Mangez les riches – La lutte des classes passe par l’assiette (2023), Steaksisme – En finir avec le mythe de la végé et du viandard (2021) et Faiminisme – Quand le sexisme passe à table (2017).

Stephen Clarke | Les Eiders, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Stephen Clarke

 

J’adore voyager, découvrir des lieux nouveaux, explorer notre planète. 
Je cherche continuellement de nouvelles plages pour faire du bodyboarding. 
Un de mes plus grands plaisirs est de plonger dans la mer tropicale avec mon masque et mon tuba pour apercevoir l’invisible – les poissons et les coraux cachés sous la surface. 
Mais en même temps j’adore être chez moi dans le 19e arrondissement, boire le même thé au petit déjeuner, regarder la même merle (une femelle au plumage couleur chocolat) qui visite la cour tous les jours. 
Avant, j’allais tous les matins au même café et je m’installais au bar. Je n’avais même pas besoin de commander. Je disais bonjour et je recevais mon espresso. Là, je retrouvais des voisins, Jacqueline et Michel, qui habitent le quartier depuis des décennies. Séparément. Jacqueline vit avec son mari dans les grandes tours en face, Michel avec sa copine à quelques rues de là. 
Ils me décrivaient la vie par ici avant les grandes démolitions des années 80. Je leur racontais mes aventures d’écrivain anglais à Paris – et surtout j’interprétais les derniers chapitres dans l’épopée de la famille royale anglaise.
Puis, suite au confinement, ce café a été racheté par de nouveaux propriétaires qui détestent ceux et celles qui osent passer trop de temps à papoter au bar avec une seule consommation. Alors nous boycottons. 
Me voilà donc un peu nomade dans le quartier. Il n’y a plus de rendez-vous quotidiens. Les jours du marché, je vais par là. Les jours ensoleillés, sur une terrasse là-bas. Régulièrement à midi, je viens ici, aux Eiders, un café où les propriétaires sont acceuillants, où le plat du jour est sympathique et où je reçois mon verre de chardo sans avoir à le commander. Ca donne une continuité à la vie.

 


Interview de l’auteur

Que peut faire la littérature ? 
Stephen Clarke : Distraire et informer. Faire rire si possible. Communiquer avant tout. Les remarques les plus gentilles que mes lecteurs m’ont faites: « À la fin de votre livre, je me disais que le monde n’est pas si mauvais après tout » ; « j’aurais aimé que l’histoire soit enseignée à l’école comme vous la racontez. »
Je relis toujours mes textes – romans ou essais – à haute voix pour être sûr que les cadences marchent, que les phrases ne sont pas trop longues, que les idées passent.

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
SC : Le café en tant que boisson est vital pour moi. Avant le premier café du jour, mon cerveau ne fonctionne pas. Alors le café comme institution est d’abord ma station service. Après, c’est le lieu où j’aime retrouver mes amis et mes voisins pour découvrir ce qui se passe dans le monde.

Où te sens-tu chez toi ?
SC : Partout et nulle part. Je m’adapte vite à un nouvel endroit, je forme vite mes habitudes, mais je me sentirai toujours un peu outsider. C’est parce qu’à 9 ans, un matin ma mère a annoncé à ma soeur et moi « nous partons », et je n’ai jamais revu mes amis. 

 

BIO

Stephen Clarke est un Anglais parisien et un Parisien anglais. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres qui sont traduits en une vingtaine de langues. Son premier roman A Year in the Merde (Black Swan, 2004) traduit en français sous le titre God save la France (Nil éditions, 2005) s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Son premier livre d’histoire 1000 Years of Annoying the French (Bantam Press, 2010) en français sous le titre 1000 ans de mésentente cordiale (Nil éditions, 2012) a été numéro un en Angleterre et a inspiré un musée en France, le Centre Culturel de l’Entente Cordiale, au Château d’Hardelot. Son dernier ouvrage, Charles Worth l’Anglais qui a inventé la haute couture (Éd. Paf, 2025) rend hommage à un Anglais qui a créé une industrie tellement française.
Il joue de la basse et compose des chansons.