Archive d’étiquettes pour : Café viennois

Ulrike Willam-Kinz | Café Nil, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Ulrike Willam-Kinz | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Se montre, se cache
Surgit, disparaît
Se blottit, s’échappe

Des lampes émettent des messages secrets
Des pensées flânent à travers le labyrinthe
Recherchent des atmosphères
S’attardent, se faufilent

Des fauteuils attendent

 


Interview de l’auteure

Qu’aimes-tu écrire ?
Ulrike Willam-Kinz : Jouer avec la poésie des mots. Au niveau professionnel j’aime écrire des interviews et des reportages. Le travail de recherche documentaire est toujours un voyage captivant.

Ecris-tu parfois au café ?
UWK : Rarement, mais ça m’arrive. Le calepin et le crayon sont de merveilleux compagnons, quand je suis seule quelque part.

Pourquoi as-tu choisi le café Nil ?
UWK : Au café Nil je me sens comme dans un pays lointain. J’aime le vert tilleul des murs, les grandes fenêtres, les lampes orientales et les miroirs. Ils ont quelque chose d’énigmatique.

Que fais-tu quand tu n’es pas au café ?
UWK : Je passe la majeure partie de mon temps à ma “tour de contrôle”, mon ordi au bureau. C’est là que j’écris des textes pour mes clients, que je suis en contact avec beaucoup de personnes différentes, et que j’organise diverses choses.

Stephanie | Café Florianihof, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Par hasard nous sommes assis côte à côte, une fille avec f et moi, par hasard nous sommes allongés dans la même chambre, une femme avec ph et moi, je l’ai trouvée digne de confiance. Elle avait l’air satisfaite, d’une manière qui me faisait honte. Généreuse face à la vie, comme seuls les plus forts peuvent se le permettre.
Pleine de sagesse, dit A. et je sais ce qu’il veut dire. Comme une madone, ajoute A., comme une mère et son nouveau-né. Il la voit rire entourée de nombreux enfants.
Je la vois se battre pour tant de personnes, et pendant un moment, je reste interdit : m’interdis de croire que c’est possible – impossible de souffrir avec elle – et qu’elle se bat aussi pour moi.

Lena | Café Central, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Au mauvais moment, au mauvais endroit,
La musique du piano couvre les déclics,
Au travers du temps, du monde, elle observe
Avec cette soif au fond des yeux.

Ni trop grands, ni trop petits,
Jamais non, toujours oui.

Avec un sourire indescriptible,
Elle respire et croque la vie,
Comme un tourbillon, elle la grignote
En quête d’un homme sachant cuisiner.

Barbara Rieger | Café Drechsler, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Une enseignante devient
Une écrivaine est
Une psychologue frappe
Une mère aime
Une antenne ressent
La fin qui s’éloigne
Perceptible
Le cœur sur le café
La créature sur le réseau
Être dans l’instant
Être humain sur le papier
Sur elle il imprime.

Eva | Café Westend, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Les zones de transit regorgent de tout
Elle choisit des figures étranges
Seuls les ornements s’attardent
Une gare aspire
Les habitués
Depuis longtemps les horloges
n’avancent plus
Il reste dix ans pour prendre un train
À bord un homme en charentaises fait signe
A. regarde le foot avec le patron
Et demande : « Pourquoi ne choisis-tu pas toi-même ? »

Barbara Rieger | Café Drechsler, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il demande : ce sont des vrais cils ? Et elle se dit : pourquoi pas ? Il s’ensuit une histoire, qui ne commence jamais, sans véritable raison, si ce n’est qu’il est marié et qu’elle passe ses derniers instants au bar.
Déjà elle laisse l’Amour derrière elle et se tourne vers la lumière, même si elle y voit combien le nez et chacun des pores grossissent à vue d’oeil. Elle brûle encore un peu de désir, tandis qu’il hurle d’effort, fait les comptes et finalement estime que la supercherie est réelle, ou tout comme.
Il cherche sa prochaine réplique tandis qu’elle rêve depuis longtemps d’autre chose, et avant même qu’il ne puisse dire un mot, elle quitte le bar pour laisser place à la première venue.

Eva & Barbara Rieger | Café Korb, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

« Madame », dit le serveur dans le 1er arrondissement à celle qui a des airs d’Ally Mc Beal et qui tient compagnie au peintre Attersee. Non loin, quelqu’un ressemble à un architecte, mais n’est en réalité qu’un agent immobilier. Comme décoration, une corbeille remplie de petits pains et dehors, la pluie transforme en caniches trempés celles qui portent des colliers de perles. Un premier orage, qui gronde que le monde change. Pourtant, inéluctablement, un scorpion pique la grenouille qui tente de le sauver des eaux. Et nous saupoudrons du sel sur les pommes du verger du voisin et du sucre sur les plaies, juste pour nous amuser. A. est fort comme un lion et ne dit mot, alors que ses yeux hurlent « Non ! ».

Michael Giongo | Café Schopenhauer, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Michael Giongo | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Blanche-Neige a dressé les tables,
tapis verts entourés de solides cadres noirs,
le hall de départ s’adosse aux murs moelleusement rayés,
et au-dessus à l’infini se reflète la liberté.

Jette ton visage dans le futur,
dit l’homme derrière le miroir,
tandis que Beate Uhse prévoit 36 degrés,
et que le boxeur sympathique
retire son gant de cellophane.

Le soleil couchant brille de mille feux dans l’écume,
la pluie se retire des chaises comme de l’estran ;
le ciel dans les flaques d’eau
nous descendons le versant.

Anna | Café Sperl, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

C’est au café des stars qu’elle travaille toute la nuit comme figurante, dans un film qui ne répond pas à ses exigences. Le matin au petit-déjeuner, elle apparait inaltérée comme un don trop précieux pour être livré aux rayons ardents du soleil. Avec précaution, A. la contemple et devine que dans un autre film, elle a le premier rôle.

Marianne Jungmaier | Café Westend, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Marianne Jungmaier | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

tu dis dein Französisch ist tadellos
mais la journée n’est pas encore terminée
et les hirondelles
vont regarder passer l’été
et on dira aux enfants
le mois de mai a été pluvieux
où étais tu
lorsque la pleine lune a disparu

lorsqu’on t’a appelé
mais sans imaginer
que les ombres ont besoin d’être soutenues
le temps
que ton nom
tu ne saches plus