Archive d’étiquettes pour : Kaffehaus

Eva | Café Westend, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Un train de Paris, un train pour Paris et quelqu’un pour lui prendre ses bagages. Elle part pour l’Ouest et se déguise, ou pas. Elle regarde vers l’Est et A. se demande, c’est elle ou moi.
Elle ou moi, je te demande.
La ville est un village, où tout le monde se connaît, ou pas.
Ils redoutent la fin avant même de commencer, portent des chemises de bucheron, supportent des culottes de peau, s’insupportent de l’entre-deux. Ils prennent une bière et perdent le Nord, ou pas. C’est quelque part en Europe où l’intérieur s’affranchit de l’extérieur qu’ils se sentent comme chez eux.

Jürgen & Barbara Rieger | Café Frame, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Avec la pluie, le tramway est en retard et A. oublie le nom de sa station, bien que ce soit lui qui conduise. Seule une table est occupée, les habitués sont assis au comptoir, se servent eux-mêmes ou presque. De l’extérieur, le spectacle est rassurant, mais c’est oublier le grillage. Une amoureuse détonne par sa lingerie rose en peluche et tout en écoutant du jazz, boit dans la pénombre un chocolat chaud. De dehors, on ne la remarque pas et personne ne devine sa lingerie. Personne ici ne sait ce qu’il en est.

Anna | Café Sperl, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il voit en elle comme à travers un verre de cristal, attend que la lumière perce la fièvre et que l’instant né de son sourire n’éclate pas aussitôt en mille morceaux. Elle fait de son mieux, mais lui, bien trop lent, le laisse échapper. Comme dans un palais des glaces, où possiblibilités, choix et solutions sont décuplés. Même avec des gants de velours il n’ose pas. Ce n’est qu’à la fin qu’elle libère ses cheveux et il se demande si après tout, il n’a pas pris trop de précautions.

Jürgen | Café Jelinek, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Le premier homme voit à travers l’oeil du cyclone,
il regarde les expos d’art,
fait ce qu’il peut lui même,
oublie les voyeurs de toute part,
A. dans un coin et une femme qui l’aime.
Il ne craint
ni le tumulte des idées, ni les charmes de la cité,
ni les attaques à son insu.
Il sait qu’il est traqué
et connait son issue.

Eva | Café Rüdigerhof, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Parmi tant, elle est la première qui l’attend depuis longtemps. Elle observe à distance les convulsions qui le déchirent. Mais il se trompe, s’il pense qu’elle livrera ses secrets. Elle est sceptique, car elle connait, mieux que lui, les lieux où la bière est brassée et où les malades trouvent refuge. Elle perce le mystère de l’image de sa peau et sait qu’il est septique, pas encore prêt pour les combats ni pour son rire salvateur.

 

Eva & Barbara Rieger | Café Rüdigerhof, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Il fut un temps, où
un fleuve départageait une ville
la gauche de la droite,
le travail de la passion.
 
Cependant, un serveur a jeté la lumière
sur les visages, et dans le miroir
aux voyages, rôtit depuis longtemps
le poumon de la Révolution
 
Un ancien modèle se tient dans l’entrée
entre les lignes, entre les rives
et nous exhorte :
Sors et rentre

 

Barbara Rieger | Café Kafka, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Tu me regardes avec cet air réprobateur.
Et quand ?
Je me tais, épuisée.
Et donc … !
Je n’en peux plus
Finis !
Tout ce qu’il y a dans ton assiette
Sinon c’est trop tard !
Qui paie pour la gourmandise
Ca va aller !
De nos désirs
Maintenant ou jamais !
À Paris et à Vienne

Barbara Rieger | Café Drechsler, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Les hommes de la ville
pensent au rythme
de la musique du métro
de la platine du DJ
attendent l’envol
de la ligne du comptoir
écrivent un scénario de la vie
sur leur Macbook tout en buvant
café, Spritzer et bière
ne fument plus
dis-moi
tu.

Barbara Rieger | Café Drechsler, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Par une porte à double battant, un optimiste inquiet pénètre dans une salle faiblement éclairée. Sur un coté attend la professeure, ponctuelle, à la poignée de main ferme, elle persiste à le vouvoyer, corrige avec rigueur ce qui peut l’être et ignore les cuillères et les menus aux murs. Les hommes sont distants dans cette ville, mais le DJ joue les Doors et dans un coin sont assis auteurs et femmes de lettres. Des scénaristes cherchent une solution plus élégante que le meurtre. Avec précaution il pousse le rideau de côté, tient une bougie dans la pénombre et flashe dans la boite noire. Elle ne bouge pas, retient son souffle. Puis les balles jaillissent d’elle comme dans un match de tennis. Seul un serveur reste imperturbable. Il débarrasse l’une des deux assiettes, casse l’ambiance pour mettre de l’ordre et demande :  « Ensemble ou séparé ? »

Barbara Rieger | Café Museum, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Barbara Rieger | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Un café de Vienne
Classique, intemporel, depuis toujours là
Existé, ébauché
Rompu avec douceur, dilué
Achevé dès le commencement
La vie, ce contrat
Bien trop clair, trop propre, poli à outrance
Pris du jour de l’an au réveillon
Les congés de l’année
Le temps qu’il reste jusqu’à la fin
Nous jouons
la vie dramatique
Nous fonçons
à travers les années avec flamme et flamenkuch
Nous créons
des images et nous nous jetons parfois
dans une histoire, dans un lieu
où l’on doit avoir vécu