Muriel Augry | Les Éditeurs, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Muriel Augry

 

Saint-Germain des Prés, le Boul’Mich, ce sont inévitablement les quartiers des années de l’Université, des journées aussi folles que studieuses, aussi studieuses que folles… des années de rencontres, de découvertes d’un ailleurs, d’un autre.
C’est la boulimie des livres, des heures passées en bibliothèque et puis le diabolo menthe à la sortie, à l’angle d’une table pour y laisser s’épanouir le Livre en plein centre.
«  Les Éditeurs », un café au nom qui fait rêver. Etre éditée, être lue… Depuis mes huit ans, dans mon école primaire de la banlieue parisienne, un désir d’aligner les mots, de les coucher sur le papier, désir encouragé par l’institutrice qui me récompensait par un livre lorsque j’avais fini, avant les autres élèves, le devoir demandé. Désir grandissant de les faire vivre ensuite, de les offrir en partage,  de les faire prendre leur envol.
Des années plus tard, Paris, lieu des réunions professionnelles, des rendez-vous familiaux. La capitale à la croisée de tant de chemins. Que de lieux visités, de pays parcourus, d’est en ouest, du nord au sud. L’aéroport espace d’attentes, le café espace de rencontres…
Être à Paris, si entourée et si seule, combiner les contraires. Vivre entre une passion et une autre. Refuser la monotonie et écrire. Écrire.

 


Interview de l’auteure

Que peut faire la littérature ?
Muriel Augry : J’aimerais dire que la littérature peut tout. Je voudrais y croire. Mais cela dépend de la relation que nous avons à son égard. Elle est pour moi un credo. Elle m’accompagne depuis toujours. Elle est une compagne fidèle qui ne me déçoit jamais. La littérature transmet un enseignement, la littérature nous invite à aiguiser notre esprit critique, la littérature distrait et nous convie au dépaysement spatial et temporel. Celui qui ne la fréquente pas a un manque dans son existence.

Quelle est l’importance des cafés pour toi?
MA : Ils sont d’une importance capitale pour moi. J’ai vécu, travaillé de nombreuses années à l’étranger et j’ai toujours recherché les cafés : ce lieu de pause dans une journée bien remplie, ce lieu de vie, désordonné. J’aime y aller de préférence seule et puis faire connaissance avec ma voisine, mon voisin de table. Je peux parfaitement m’y isoler, comme dans une bulle que je me crée. J’écris de courts textes dans les cafés, souvent de la poésie…

Où te sens-tu chez toi ?
MA : Je n’ai pas vraiment de chez-moi. Ou plutôt, j’ai de nombreux chez-moi. Ce sont les villes où j’ai habité en Europe, en Afrique. Où j’ai noué de belles amitiés. Où je me sens à l’aise. Je suis une héritière de Stendhal : Ubi bene, ibi patria. (La vraie patrie est celle où l ‘on rencontre le plus de gens qui nous ressemblent). Elle peut donc être ici ou là. Là où l’on sent le plus fortement des affinités du cœur et de l’esprit… et nous voici de retour à la littérature !

 

BIO

Muriel Augry a deux passions : les voyages et l’écriture. Elle vit actuellement à Paris, après avoir travaillé dans la diplomatie culturelle en Italie, au Maroc et en Roumanie et enseigné à l’Université de Turin. Elle a publié une dizaine de recueils poétiques en écho avec des artistes peintres. Elle a obtenu un prix de l’Académie française pour son essai Le cosmopolitisme dans les textes courts de Stendhal et Mérimée et le prix Vénus Khoury Ghata de la Poésie illustrée pour le Beau livre Les lignes de l’attente. 

Mieze Medusa & Markus Köhle | Cafe C.I. – Club International, Vienne

Photo : Alain Barbero | Texte : Mieze Medusa & Markus Köhle | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet  

 

Un thé tête-à-tête au C. I. entre Mieze Medusa et moi

Jamais de thé. Du thé jamais. Café, bière, eau. Même des toasts du C. I., des frites et un feuilleté aux épinards. Mais jamais de thé. Du thé jamais. C’est précisément un léger moment de thé qui entre dans l’histoire. Et même plus encore, il s’est transformé en photo. Köhle avec du thé. Cela restera à jamais associé. Köhle avec du thé au C. I. Est-il malade ? Köhle en thé tête-à-tête avec Mieze Medusa. Qu’est-ce que ça veut dire ? Le pouvoir des images est grand, celui des mots ne l’est pas moins. La nuit des bières est longue, le temps du thé est-il en train d’advenir ou bien est-il déjà terminé ? En cours d’infusion ou déjà trop infusé ? Cela ne regarde que nous.

Qu’est-ce qu’il a à parler du thé ? Il l’a pourtant commandé lui-même !

Nous n’aimons pas les symboles de statut social. Nous n’aimons pas les maisons individuelles avec jardin, clôture et abri pour voiture. Nous préférons la piscine couverte à la piscine privée. Louer des appareils plutôt que de les avoir tous entassés dans notre cave, aller à la bibliothèque plutôt qu’avoir des étagères débordantes de livres… 
Stop ! Ceci n’est pas vrai. 
Nous vivons exprès dans un immeuble ancien pour que les étagères remplies de livres aient de la place jusqu’au plafond. Mais quand elles menacent de nous tomber dessus, nous allons au café. Seul, à deux ou avec d’autres. Probablement avec plus d’un livre et au moins un carnet de notes dans la poche. On garde le silence. 
Je lis, il écrit. 
Il réfléchit, je prends des notes. 
Il y en a toujours un qui a un manuscrit sur lui… Mais où est donc le feutre rouge ?
La ville, c’est aussi un luxe ! On n’est pas obligé de payer un loyer pour chaque pièce dont on a besoin. Enveloppés par le bavardage ambiant, nous apprécions la solitude dans un environnement de pensées, de conversations et de boissons. 
Personnellement, j’aime le thé. Depuis toujours. Il a fallu quelques décennies à Markus pour en arriver là. Mais c’est vrai : au C.I., nous ne buvons vraiment du thé que lorsque c’est nécessaire. Quand nous voulons passer l’automne en bonne santé. Pour que cela marche, répondre positivement à la question : « Et on peut en vivre ? »

 


Interview des auteurs

Que peut la littérature ?
Markus Köhle : découper, souder, mastiquer.
Mieze Medusa : Cela dépend de ce que l’on attend d’elle.

Quelle est l’importance des cafés pour toi/vous ?
MK : Selon le moment ou le lieu, selon que j’aie besoin de ceci ou cela, elle est grande comme un immeuble ou petite comme un trou de souris.
MM : Aller boire un verre seule, en tant que femme : parfois encore un acte de rébellion aux yeux des gens qui regardent avec un air bête. Jusqu’à la fin de ma vie, je ne me laisserai pas priver de cette liberté.

Où te sens-tu toi / Où vous sentez-vous chez vous ?
MK : Là où je peux enlever mes chaussures.
MM : Là où je mets quelques livres sur l’étagère et où je pose mon ordinateur portable. Et c’est encore plus facile si c’est au milieu d’une grande ville.

 

BIO

Markus Köhle écrit pour être entendu : www.autohr.at
Il est écrivain, artisan littéraire, technicien linguistique et le père du slam en Autriche. Il écrit pour les jeunes et les moins jeunes, fait de la littérature « sérieuse » et de « divertissement », organise et anime des slams de poésie et le festival de prose d’Innsbruck depuis plus de 20 ans, gère le projet d’auteurs Retrogranden aufgefrischt dans les murs de l’Alte Schmiede à Vienne et est rédacteur de la revue littéraire DUM (www.dum.at). Dernièrement, il a publié : Das Dorf ist wie das Internet, es vergisst nichts (roman, Sonderzahl 2023).

Mieze Medusa est auteure, rappeuse et pionnière de la scène autrichienne du poetry slam. Elle se produit sur les scènes internationales depuis 2002 et a repris son nom de MC pour sa littérature de prose. Son premier roman Freischnorcheln est paru en 2008. Depuis, elle a publié de la prose, mais aussi des recueils de textes de slam et des enregistrements sonores du duo hip-hop mieze medusa & tenderboy, et bien d’autres choses encore. Elle organise et anime des poetry slams en Autriche, en tant que slameuse active, elle ne voyage pas seulement en Allemagne et en Suisse, ses performances de spoken word l’ont déjà menée jusqu’à Shanghai.
Derniers ouvrages : Was über Frauen geredet wird (roman, Editions Residenz, 2022) et Die Krise schrieb man nicht mit langem “i”, auch wenn sie riesengroß ist (textes de slam en collaboration avec Yasmin Hafedh, Editions Lektora, 2023).
www.miezemedusa.com 

Elke Steiner | Brixton House, Bratislava

Photo : Alain Barbero | Texte : Elke Steiner | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

De l’autre côté

Échapper à la géométrie. De l’idée qu’une droite est la solution simple d’un calcul, comme calculer des poutres. Des poutres effrayantes comme étalon de toute chose, et réfléchissons un instant à la différence. Ce que l’on ressent quand on est mis à l’étroit par des limites, des barrières ou lorsque deux enfances plus tard, on prend simplement un ticket en disant : Bratislava, me voilà !
Trouver de nouvelles lignes, c’est dessiner à main levée, des liaisons sans calculs, comme des après-midi débordants entre deux villes, des liaisons ferroviaires sinueuses sans traverses, sans contrôles, comme une promesse de charme. Un voyage dans un passé commun, dans une beauté empreinte de prestance, ruelles baroques ou pavées, plus tard des poèmes.
Tracer des lignes de séparation comme des clôtures, fermer, défendre violemment et parler le langage de la division ou alors : déterminer d’autres positions. L’amour des lignes, comme l’amour des lignes de chemin de fer, presque un culte du train, et puis venir de toutes les directions. Boire du thé avec de la lavande et du miel.
Échapper à la géométrie. De l’idée que dans un coin (trois ! pays ! coin !), on est à l’étroit. Il serait sombre et anguleux, un espace limité, et la plus grande prudence serait de mise à chaque rapprochement et réfléchissons un instant à la différence. Ce que l’on ressent quand on est mis à l’étroit ou lorsque deux enfances plus tard, on copie le ciel, il n’y a pas de poutres.

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Elke Steiner : La littérature a sur moi un effet fortifiant à tous points de vue. Elle est un camp d’entraînement pour mon esprit, un bootcamp et parfois un spa. 

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
ES : Il n’y a pas de séjour dans une ville sans aller dans un café. J’aime découvrir de nouveaux cafés, mais j’adore aussi les vieux cafés viennois, le murmure et le cliquetis, les pâtisseries. Je me réserve souvent une à deux heures pour travailler sur un texte, cela fonctionne plutôt bien, à condition qu’il y ait devant moi une grande tranche de gâteau – idéalement avec beaucoup de mousse de sucre – et un allongé. En quelques minutes, l’assiette est vide, puis je plonge. 

Où te sens-tu chez toi ?
ES : Dans mes textes. J’entre par une porte invisible et je me déplace dans les pièces, là je suis seule et je peux tranquillement déplacer des meubles, rêver ou observer mes personnages.

 

BIO

Elke Steiner vit et travaille comme auteure, médiatrice littéraire et enseigne l’écriture dans le Burgenland et à Vienne. Elle est membre de l’association des auteures de Graz, du cercle littéraire Podium et de l’association professionnelle autrichienne des enseignants de l’écriture. Elle anime des ateliers d’écriture créative pour adultes et enfants.
Elle a publié de nombreux articles dans des revues littéraires, des anthologies et à la radio. Ses deux romans Über das Licht gedreht et Die Frau im Atelier sont parus en 2018 et 2021 aux éditions keiper. En automne 2024, le polar lyrique hast dein Federkleid gelöscht paraîtra aux Editions lex liszt 12.

Bessora | La Demeure Monceau, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Bessora

 

Marco Polo  et moi

Comme son nom ne l’indique pas, Marco Polo est un thé. Noir, vert ou blanc, il se sert dans les cafés, pour faire de vous un globe-trotteur immobile. Ses senteurs de fleurs, de fruits de Chine et du Tibet vous transforment en Émissaire Impérial en Asie Centrale. Comme Marco Polo, vous voilà ambassadeur du pape en Chine, Occident voyageur devant l’éternel et devant le Grand Khan Kubilaï.
Tout ça sans bouger le cul de votre chaise. 
Votre petit cul est bien au chaud dans les fauteuils rembourrés de La Demeure Monceau, Paris. Cette Demeure vous emmène dans un autre temps, dix-neuvième siècle celui-là, tonalités d’une maison bourgeoise où  Marco Polo pourrait déclamer ses récits de voyage. Seulement il est mort depuis 1324. 
Alors, hiver 2023,  vos mains se réchauffent au teapot vintage années 30s, regrettées années 1930, si photogéniques. Dans la théière infuse le marvellous fruity & flowery black tea, nostalgique de certaines époques et peut-être de certaines suprématies. Comment prendre la pause face au gentil photographe qui déploie ses meilleurs efforts pour vous portraiturer ? 
Se rappeler qu’autrefois, on aimait les cafés. 
Y retrouver le grand-père qui avait  l’habitude d’y jouer aux cartes, avec ses potes piliers de bar. C’étaient Le Dôme ou  la Bergerie, à côté du commerce des grands-parents. On buvait un Sinalco, un Grapillon ou un Rivella rouge.
Adolescente, c’était la Rhumerie, le fanta orange chimique qui changeait la couleur de la langue. Parfois, sociabilisation dans un boui-boui du Cap Lopez avec des amis qui se bourraient la gueule à l’alcool de riz ou au vin de palme. 
Plus tard, dans les cafés d’Occident de Marco Polo, des candides s’étonnent : tu ne bois pas ? Pouquoi… Tu es musulmane ?  
Non. 
On n’est rien du tout.  Mais celui qui ne boit pas ET dont la peau est trop brune est le suspect idéal de la dérive islamiste. Surtout quand il commande un tilleul. Trop bizarre. 
Et subrepticement, le café devient l’étendard de la civilisation contre la barbarie. Le barbare, c’est la gueule de métèque qui ne va pas au café et qui boit de la tisane.

 


Interview de l’auteure

Que peut faire la littérature ? 
Bessora : Pas grand chose, mais c’est mieux que rien du tout.

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
B : Je n’aime plus tellement. Mais je ne les ai pas non plus totalement rayés de la carte. Ma grand-tante a  tenu un café-restaurant toute sa vie. Et je l’ai trop souvent retrouvée chez Nyfnegger à Lausanne pour que le motif « café » disparaisse de ma vie. D’autant qu’elle m’offrait des bonbons. Des Sugus. What else.  

Où te sens-tu chez toi ?
B : Où je suis.

 

BIO

Bessora publie depuis 25 ans en littérature, jeunesse, bande dessinée, et prête sa plume à des personnalités en témoignages et documents. Elle préside aussi le Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs (SNAC).
Son avant-dernier roman Les Orphelins (Lattès-Harper Collins) est traduit en allemand (Ihr werdet glücklich sein chez Peter Hammer Verlag). 
Dernier roman : Vous, les ancêtres  (Lattès, Harper Collins)
Best European Fiction 2016, English Pen 2016, Grand Prix Filiga d’Honneur 2022, Chevalier des Arts et des Lettres 2022, Prix Kourouma 2024, Prix Suisse de Littérature 2024. 

  

Karin Peschka & Marianne Jungmaier | Eferdinger Gastzimmer, Eferding

Photo : Alain Barbero | Texte : Karin Peschka & Marianne Jungmaier | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet  

 

de l’histoire ancienne
en temps d’obscurité
un miroir
émerge

Première rencontre en octobre 2011, Alte Schmiede  à Vienne. Ferronneries noires, voûtes et enclumes, outils sur les murs, et au milieu, nous lectrices, en face le public sur sa tribune. Tu étais nerveuse ? Je l’étais certainement.

un visage familier
serein, lumineux
une entente immédiate 
à l’amitié

Maintenant, c’est comme ça. Nous suivons nos chemins entre les champs, nous nous écoutons, nous nous soutenons, nous nous apprécions. Tu ris parce que je dois saluer chaque chien que nous croisons. Je souris parce que tu fais des confitures et que tu donnes tous les pots. 

une compréhension
au travail quotidien
pour l’écriture
ressentie

De notre proximité et de nos distances sont nés des espaces. C’est à toi que je dois la décision d’utiliser l’un d’eux comme nous le faisons. Une idée d’autrefois. La chambre d’hôte pleine, les bruits du café (choc de la vaisselle contre la vaisselle, des verres contre les verres) ont été remplacés par ceux des pages que l’on tourne.

un balancement
entre proches
au pas cadencé
adossé au temps

Dans le café, nous sommes assises à nos places respectives. Toi en face de moi, une niche dans le passage, pas tout à fait à l’intérieur et pas vraiment à l’extérieur. Connues des serveuses, et la paille dans ton café latte est désormais de l’histoire ancienne. Ou peut-être pas. Eferding est comme une pochette surprise.

dans le cœur
un talisman
fait d’un regard ouvert
et d’une oreille à l’écoute

Nos destinations de voyage sont différentes. D’autres lieux, d’autres écritures, d’autres projets. Nous arrivons là où nous voulons aller, là où nous sommes attirées, d’une autre manière. Sous une autre forme. (Quelle musique écoutes-tu ? je ne le sais guère. Est-ce possible ?) Que tu sois toi aussi en voyage, dans un monde parallèle, est une bonne chose.

un retour
aux mots familiers
un nid douillet
de prudence et de confort

 


Interview des auteures

Que peut la littérature ?
Karin Peschka : Tout n’a-t-il pas déjà été dit à ce sujet ? Spontanément, j’ai écrit et aussitôt effacé : « Rien et beaucoup ». Maintenant, c’est de nouveau écrit là. C’est peut-être vrai de toute façon.
Marianne Jungmaier : Toucher, déranger. Dans le meilleur des cas, inspirer.

Quelle est l’importance des cafés pour toi/vous ?
KP : Pendant mes premières années à Vienne, un café dans la Otto-Bauer-Gasse était un prolongement de mon salon, car il se trouvait juste au coin de la rue et je n’étais pas très tranquille à la maison. Maintenant, je ne vais au café que pour lire et répondre à mes e-mails. Au café Vogl d’Eferding, je ne travaille pas, mais je tiens ma cour. (Je plaisante).
MJ : Rencontrer des amies et des collègues. (Les hommes sont inclus.) Observer les gens, cachée derrière un café allongé et un grand verre d’eau. Le café, surtout celui de Vienne, est toujours un retour à la maison.

Où te sens-tu toi / Où vous sentez-vous chez vous ?
KP : Là où je suis depuis un moment. Donc dans le petit village d’Eferding et dans la grande Vienne, mais après quatre semaines à Belgrade ou Pristina, là-bas aussi.
MJ : Dans beaucoup d’endroits. À Boudhanath, dans le nord de la Californie, à Londres. Au lac Almsee, à Gmunden, dans le village de mon enfance. Toujours : sous les arbres.

 

BIO

Karin Peschka est née en 1967 et a grandi à Eferding, Haute-Autriche. Elle vit et travaille à Vienne et à Eferding. Les éditions Otto Müller, Salzbourg, ont publié jusqu’à présent : Watschenmann (roman, 2014), FanniPold (roman, 2016), Autolyse Vienne (récits, 2017), Putzen euch, tanzt, lachen (roman, 2020), Dschomba (roman, 2023). En juillet 2024 : Bruckners Affe (pièce de théâtre & essai). 
 www.peschka.at

Marianne Jungmaier est née en 1985 à Linz (Autriche). Elle a étudié la télévision numérique, le cinéma et les sciences culturelles, le journalisme. Elle enseigne l’écriture créative. Nombreuses bourses et résidences, notamment aux États-Unis, en Italie, en Écosse et en Islande. Publications (sélection) : Gesang eines womöglichen Wesens (Lyrik, 2024, Otto Müller Verlag), Sommernomaden (Stories, Kremayr & Scheriau, 2016), Das Tortenprotokoll (Roman, Kremayr & Scheriau, 2015). 
www.mariannejungmaier.at

Simone Buchholz | Kurhaus, Hambourg

Photo : Alain Barbero | Texte : Simone Buchholz | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Peut-être que le Kurhaus est mon véritable chez-moi, ou peut-être que je ne suis qu’une sorte de meuble au Kurhaus, je ne le saurai certainement jamais, car ta maison ne te dit pas « au fait, je suis ta maison ! », et personne ne dit à un meuble « au fait, tu es un canapé ! ».
Ce qui plaide en faveur de mon chez-moi, c’est que je connais chaque recoin du bar, que je me fiche de savoir à quoi je ressemble quand je suis dans tel ou tel coin, qu’il y a peu d’endroits où je me sens autant aimée, et que mon père aimait beaucoup me rendre visite là-bas pour y boire et fumer avec moi en cachette, quand il le pouvait encore.
Ce qui plaide en faveur du meuble, c’est que je connais depuis plus de 25 ans la vue sur le petit carrefour devant le Kurhaus, et ce en toute saison, à toute heure, et par tous les temps (c’est idyllique quand il neige et que tout est calme, et aussi quand il fait 30 degrés et que Hambourg s’emballe joyeusement), et que je ne peux nulle part ailleurs être aussi agréablement invisible tout en étant simplement présente.
Peut-être que cela n’a pas d’importance de savoir ce que représente exactement le Kurhaus ou ce que je suis précisément, il n’y a pas tant de différence entre « se sentir quelque part chez soi » et « être un quelconque meuble quelque part ».

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Simone Buchholz : Libérer les pensées et ouvrir les cœurs, la littérature est un antifa international.

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
SB : Ils sont les seuls feux de camp que nous ayons encore.

Où te sens-tu chez toi ?
SB : En fait, dans tous les bons bars.

 

BIO

Simone Buchholz est née en 1972 à Hanau et a grandi dans le Spessart. En 1996, elle a déménagé à Hambourg à cause du temps. Ses romans paraissent aux éditions Suhrkamp, la série Chastity Riley a reçu de nombreux prix, notamment le Prix allemand du Roman policier et l’International Dagger Award. En septembre 2022, elle a publié Unsterblich sind nur die anderen.
Simone Buchholz vit à St. Pauli et écrit régulièrement la chronique Getränkemarkt dans le magazine SZ ainsi que des articles pour DIE ZEIT.

Patrick Pécherot | Le Wepler, Paris

Photo : Alain Barbero | Texte : Patrick Pécherot

 

La photo a été prise au Wepler. Une brasserie parisienne de la place Clichy, presque une institution. C’est un lieu chargé de mémoire mais qui ne la cultive pas. Loin du style vintage qui a transformé tant de lieux en décors tape à l’œil. Le Wepler possède de vraies tables qui se parent, sur le coup de 18heures, de nappes blanches et de serviettes assorties. Mais continuez à siroter votre pression ou votre thé citron, on vous laissera tranquille. J’aime la moleskine des lieux, le porte-journaux, la devanture vitrée d’où on lorgne la rue, les serveurs en tenue, les clients ni tout jeunes ni branchés. Je ne me souviens plus si Maigret, en planque, y a mangé un collier d’agneau mais c’est au Wepler que Nadja écrivait à André Breton : « dis, pourquoi m’as-tu pris mes yeux ? ». Didier Blonde le raconte dans son beau livre Cafés, etc. C’est avec Didier que viens au Wepler. Nous y buvons de la bière, grignotons le pain et la tapenade servis en accompagnement, nous parlons d’écriture, de radio et de plaisirs minuscules. Dieu s’invite parfois dans nos conversations. Il n’est pas bégueule et son Fils aimait les auberges. Lorsque nous redescendons sur terre, c’est pour y retrouver Fantômas, Nestor Burma ou Arsène Lupin dont les silhouettes jouent les fantômes quand les soirs sont à la pluie.
Avant de prendre ta photo, Alain, tu m’as parlé de ton travail. J’aime les mots du travail. J’avais accepté la rencontre car un ami commun avait servi de lien. J’étais curieux du projet. Depuis, je me demande combien de mots les auteurs ont griffonné à la hâte sur une table de café de peur qu’ils ne s’envolent ? Mais plus encre, je pense à ceux perdus à jamais parce que nul bar, bistrot ou brasserie ne leur avait offert une halte salutaire.

 


Interview de l’auteur

Que peut faire la littérature ?
Patrick Pécherot : La question renvoie à la rencontre entre un livre et des lecteurs. Sur une échelle qui va de l’intime au monde, la littérature me semble pouvoir beaucoup ou rien. Cela relève du mystère, comme toutes les rencontres. Du « système » aussi. L’auteur a écrit, il ne lui appartient souvent pas que le livre vive ou meurt.  

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
PP : Les cafés sont des lieux de rêverie et d’observation. On y trouve la pâte humaine d’un futur personnage qui s’évanouira parfois quand on sera ressorti. On peut capturer un détail qui ressurgira plus tard. Ou simplement trouver une atmosphère propice au songe. Mais « à certaines heures pâles de la nuit », comme le chantait Léo Ferré, les cafés peuvent aussi être des lieux de fraternité muette.

Où te sens-tu chez toi ?
PP : Chez moi, d’abord, dans ma caverne, mon cocon. Mais si l’on élargit le propos, je suis chez moi partout où les lieux me parlent et me touchent.

 

BIO

Né en 1953, Patrick Pécherot a écrit une quinzaine de romans et essais. Ils lui ont valu plusieurs prix littéraires (Grand prix de littérature policière, Prix Mystère de la critique, Trophée 813, Prix Transfuge, Prix Marcel Aymé). À travers les genres qu’il aborde (polar, roman noir, textes divers) il décline son attirance pour la mémoire sociale et les atmosphères.
www.pecherot.com

Regina Hilber | Bar Ariosto, Ferrare

Photo : Alain Barbero | Texte : Regina Hilber | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

Le tintement sourd des tasses à espresso aux parois épaisses sur le comptoir en marbre du bar Ariosto résonne en ce moment à mes oreilles, une tonalité qui ne peut produire ce son reconnaissable parmi tous que dans un bar italien. Les tasses sont en porcelaine ou en faïence épaisses. Le comptoir est toujours en marbre, le sol de l’établissement est recouvert de véritable terrazzo, le plan du bar allongé et étroit, le mur du fond avec les étagères pour les verres et les spiritueux recouvert de miroirs. Ce n’est qu’à ce moment-là que le bar italien, où l’on reste debout au comptoir, est traversé par ce son sourd. Pour s’attarder, il y a les petites tables à l’extérieur, avec les sommités du coin.
Déposer sa tasse à espresso sur le comptoir en marbre avec un son fort et sourd contrebalancé par le ton clair et lumineux de la cuillère à espresso sur la soucoupe, tandis que le barista fait déjà claquer bruyamment les sous-tasses suivantes sur le comptoir de marbre. Peut-être que l’air doit aussi vibrer sous l’effet de la chaleur, comme ici à Ferrare un après-midi d’août, juste avant que l’orage quotidien ne vienne apporter son lot d’humidité. Je ne peux alors m’empêcher d’adorer le chant des cigales, à trois heures de l’après-midi, assise sous le portique du palais regardant l’étendue s’offrant à moi vers la Piazza Ariosto, alors que le beau terrazzo n’est jamais exempt de déchets. Le parfum des pins masque ce petit défaut esthétique, le gomme. Pas un défaut qui ne soit compensé par une autre beauté. Les grands fils de Ferrare – l’épopée médiévale en vers de Ludovico Ariosto, le Roland furieux, et le roman italien du siècle de Giorgio Bassani, Le Jardin des Finzi-Contini , résonnent doucement entre les stridulations assourdissantes des cigales. Des cirrus ? De la fumée de cigare du Signore à la petite table en face, avec sa Bugatti trônant et étalant sa puissance. Un Roland furieux, fou de vitesse !

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Regina Hilber : Je ne sais pas quelle attirance est la plus forte – est-ce la littérature (ou les expériences de lecture) qui m’amène à des lieux spécifiques, ou est-ce que certains lieux me conduisent à une littérature spécifique. Les deux sont possibles et les deux impulsions se retrouvent dans mes essais, dans lesquels les topographies sont remixées avec des inputs. C’est comme avec le poème apopempticon et son pendant le propempticon : qu’est-ce qui était en premier ? Le poème d’adieu de celui qui part à ceux qui restent, ou inversement, le poème de celui qui reste à celui qui part, celui qui se retire ? C’est de celui qui part qu’émane l’intention. Il sait en général avant ceux qui, debout sur une rive, sont tenus d’observer le départ de celui qui s’en va au loin. À Ferrare, on n’a pas l’intention de faire des poèmes homériques – l’Antiquité, c’était hier – et ce qui se trouve maintenant au centre de l’attention, consciemment ou par hasard, ou ce qui se traîne dans les nids de poule et les flaques d’eau sur les routes secondaires, prend place à côté de Lucrèce Borgia, la future duchesse de Ferrare. Giorgio de Chirico et Filippo de Pisis n’habitent pas seulement dans des musées, de Pisis orne également les salles d’attente des histoires ferraraises de Bassani.

Quelle importance ont les cafés pour toi ?
RH : Un capo in B, un aperitivo, les passerelles sont ouvertes : debout à l’intérieur (travail, politique, réseautage), ou assise à l’extérieur (sommités et dolce vita) – peu importe que ce soit à Milan, Trieste, Naples ou Ferrare – on trouve toujours du mouvement dans un bar italien, qui n’est jamais un îlot statique pour le plaisir du café.

Où te sens-tu chez toi ?
RH : Ma maison, c’est mon corps. Je le suis partout.

 


BIO

Née en 1970, Regina Hilber est à l’aise dans de nombreuses langues et vit à Vienne en tant qu’auteure indépendante. Sont parus dernièrement son recueil d’essais Am Rande – Zwischenaufnahmen aus der Mitte Europas (2024) et son recueil de poèmes Super Songs Delight (2022).

Corinne Maier | Goupil Le Fol, Bruxelles

Photo : Alain Barbero | Texte : Corinne Maier

 

C’est au café Goupil le Fol de Bruxelles, que nous nous sommes retrouvés en 2023, Alain Barbero et moi. Quel plaisir de le revoir ! Tous les deux, nous nous sommes rencontrés au début des années 1980. Alain était un copain d’enfance de Serge, mon petit ami de l’époque ; nous avions vingt ans. Puis nous nous sommes perdus de vue, Alain et moi. Je me souviens que déjà dans les années 1980, la photo l’occupait beaucoup, en marge de son activité professionnelle. Moi je n’avais pas du tout l’idée qu’un jour j’écrirais des livres. J’étais beaucoup plus égarée dans la vie qu’Alain, qui savait déjà où il allait. 
Voir Alain effectuer une séance de photo, c’est vraiment une expérience étonnante : il gravite et virevolte autour de son sujet, guettant le moment juste. C’est un long processus, plus long que chez la plupart des photographes. Le dialogue y joue un grand rôle. Dans un tout autre domaine, il en est de même pour moi : je commence à réfléchir à un sujet de livre, et je zigzague autour, parfois pendant très longtemps. Je me sens comme un sniper qui piste et guette sa proie. Pendant ce temps, je lis des livres, je discute avec des gens, j’écoute le monde de toutes mes oreilles. À un moment il y a un déclic et là je sais que j’ai trouvé l’angle. Plus qu’à tirer !

 


Interview de l’auteure

Que peut la littérature ?
Corinne Maier : Vaste question. Pas d’illusion, elle peut peu. Mais l’écriture occupe ceux qui la pratiquent, et ceux qui la lisent. C’est déjà pas mal.

Quelle importance ont les cafés pour toi ?
CM : J’aime les bars de nuit, ceux où on discute avec des inconnus au comptoir en picolant. Mais je ne vais pas au café dans la journée, il y a trop de gens qui y travaillent sur ordi, transformant beaucoup de cafés en open spaces. « Derrière les vitrines des cafés, les gens sont alignés devant leurs écrans d’ordinateurs », écrit Ivy Pochoda dans l’un de ses excellents romans, De l’autre côté des docks (en anglais Visitation Street). Les travailleurs du tertiaire polluent les lieux, qu’ils aillent bosser ailleurs ! Laissons les cafés aux paresseux ! 

Où te sens-tu chez toi ?
CM : Je me sens chez moi dans un lit, avec une pile de livres à lire. Là est mon vrai pays, mon unique fidélité géographique. Le but de ma vie est de passer le plus de temps possible à lire au lit. Enfant, j’ai décidé de consacrer ma vie à tout lire. J’avance bien. Mais j’ai encore pas mal de pain sur la planche, et j’espère accomplir ce vaste programme. Allongée…

 

BIO

Corinne Maier vit en Belgique, avec de nombreuses incursions en France (Lozère). Elle écrit des livres (sujets de société, histoire, humour). L’écriture est sa principale activité professionnelle,  elle travaille le moins possible. Elle a publié de nombreux livres de non-fiction (Tchao la France, Dehors les enfants…), des scénarios de bande dessinée (Freud, Marx, Einstein, Ma vie est un best-seller, Monsieur Proust), et un roman (A la conquête de l’homme rouge). Les plus connus sont Bonjour paresse, un texte acide sur le monde de l’entreprise, et No Kid, un pamphlet anti-parentalité. Le plus récent est Me First. Manifeste pour un égoïsme au féminin.
www.corinnemaier.info

 

Mario Schlembach | Gasthof Schlembach, Sommerein

Photo : Alain Barbero | Texte : Mario Schlembach | Traduction : Sylvie Barbero-Vibet

 

« On va au Schlembach » est une expression courante à Sommerein. On entend par là d’aller à l’auberge de mon oncle. Elle a été inaugurée au printemps 1986, raison pour laquelle mon baptême a dû être reporté. Ce n’est pas la passion du métier, mais l’amour qui a poussé mon oncle à se lancer dans la restauration. Maçon de formation, il a réalisé le vœu le plus cher de ma tante. Il quitta son travail, vendit la maison familiale qu’il avait construite lui-même à la périphérie du village et acquit – en accumulant de grosses dettes – les ruines d’une ancienne forge au centre du village. La démolition et la reconstruction ont nécessité de nombreux coups de main, jusqu’à ce que le café-restaurant Schlembach – Zur alten Schmiede – tel était son nom d’origine – puisse ouvrir ses portes. Le rêve de ma tante était d’avoir un simple café, mais avant même l’ouverture, il a fallu faire des compromis pour faire face à la concurrence dans le village. Le nombre incalculable de Heuriger et les trois auberges n’ont pas laissé beaucoup de marge de manœuvre. Le Schlembach n’a cessé de grandir. Le café initialement prévu a été complété par un restaurant. Le grenier a été aménagé avec des chambres d’hôtes. Une discothèque a été construite dans la cave. Des livraisons de repas à domicile furent proposées. Des événements ont été organisés. Des services de restauration. Et bien plus encore. Un jour, ma tante a quitté mon oncle et l’auberge fut tout ce qu’il lui resta d’elle. Les années passèrent et la disparition rampante des auberges atteignit bientôt Sommerein ; seul le Schlembach survécut – en s’adaptant, encore et toujours. Mon oncle a maintenant plus de 70 ans. Il n’a pas d’enfants, seulement l’auberge, pour laquelle il n’y a pas encore de successeur. L’avenir du Schlembach est incertain. L’avenir nous dira s’il continuera d’exister ou s’il perdra son nom.

 


Interview de l’auteur

Que peut la littérature ? 
Mario Schlembach : Pour moi, la littérature fut un acte de libération. La possibilité de s’échapper de structures préfabriquées et en même temps un prétexte pour être différent. Mes parents dirigeaient une exploitation agricole. Mon oncle, l’auberge Schlembach. Pour les deux, mon frère et moi étions en première ligne pour la succession. L’écriture est donc devenue pour moi un acte de résistance, d’autonomisation – une sortie et un départ. Et en même temps, la possibilité de faire face à sa propre histoire.

Quelle est l’importance des cafés pour toi ?
MS : Depuis mon enfance, mon nom n’est pas lié à une personne, mais à un lieu : le Schlembach. Il y a tous les avantages et les inconvénients à être le média d’un café (avec restaurant et discothèque) dans le village : Bonnes ressources, réceptacle à commentaires ou à chagrins, etc. Ici, je ne suis pas un littéraire, mais l’interlocuteur des clients et le comptable de mon oncle. Genre de texte : factures et menus. Malgré tout (ou peut-être à cause de cela), tous les autres cafés (qui ne sont pas le Schlembach) sont devenus pour moi mes lieux d’écriture préférés. J’apprécie la tranquillité d’être seul dans une masse anonyme, de lâcher prise et en même temps d’être constamment confronté à mon propre passé, présent et futur.

Où te sens-tu chez toi ?
MS : Parfois au Schlembach.

 


BIO

Mario Schlembach (* 1985) vit en tant qu’écrivain et fossoyeur en Basse-Autriche. Il écrit des romans, des pièces de théâtre et des reportages, entre autres pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung et Der Standard. Ses deux premiers romans DICHTERSGATTIN (2017) – dont la première représentation théâtrale aura lieu en 2019 – et NEBEL (2018) sont parus aux éditions Otto Müller (Salzbourg) et ont reçu de nombreuses distinctions. Son dernier livre HEUTE GRABEN est paru au printemps 2022 aux éditions Kremayr & Scheriau (Vienne). www.bauernerde.at